la mauvaise voix de l’Espagne

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Editorial. La lassitude des électeurs devant les scrutins à répétition, l’incapacité des partis politiques à surmonter leurs divisions ont provoqué un phénomène impensable il y a seulement deux ans : Vox est désormais la troisième formation du Parlement.

Publié aujourd’hui à 11h39 Temps de Lecture 2 min.

Le leader de Vox, Santiago Abascal (deuixème en partant de gauche), après les élections du 10 novembre, à Madrid.
Le leader de Vox, Santiago Abascal (deuixème en partant de gauche), après les élections du 10 novembre, à Madrid. Andrea Comas / AP

Editorial du « Monde ». De nouvelles élections, les quatrièmes en quatre ans et les deuxièmes en six mois, semblent conduire à un nouveau blocage politique en Espagne. Aucune coalition de gauche comme de droite ne paraît en mesure de gouverner avec une majorité stable, après le scrutin de dimanche 10 novembre, remporté sur le papier par le premier ministre socialiste, Pedro Sanchez.

Les deux principaux perdants sont les deux partis qui étaient censés rénover la démocratie espagnole : les libéraux de Ciudadanos et la gauche radicale de Podemos, qui ont refusé leur soutien au gouvernement socialiste en espérant profiter de son échec. Ils ont été lourdement sanctionnés, surtout Ciudadanos : il est passé en six mois de 57 à 10 députés, tandis que Podemos recule de 7 sièges.

Mais le vrai vainqueur des élections est le parti d’extrême droite Vox. La lassitude des électeurs devant ces scrutins à répétition, l’incapacité des partis politiques à surmonter leurs divisions ont provoqué un phénomène impensable il y a seulement deux ans : Vox est désormais la troisième formation du Parlement. Le parti de Santiago Abascal, créé en 2014, bondit de 24 à 52 sièges et atteint 15 % des voix. Il y a moins d’un an, il n’avait aucune représentation politique, dans aucune institution.

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L’extrême droite a bénéficié de l’exacerbation du conflit catalan et des violences qui ont suivi à Barcelone les trop lourdes condamnations, le 14 octobre, des principaux responsables à l’origine du référendum illégal sur l’indépendance de 2017. Vox a utilisé les images de ces violences pour faire de la surenchère.

Deux problèmes qui risquent de s’enkyster

Mais Vox a aussi bénéficié de la complaisance des formations de droite qui ont contribué à banaliser le discours d’extrême droite. La stratégie du Parti populaire (PP, conservateur) et de Ciudadanos de conclure des accords avec ce parti sulfureux partout où ils en ont eu l’opportunité pour gouverner – d’abord en Andalousie, puis dans les régions de Madrid, de Murcie ou de Castille-Léon – s’est retournée contre eux.

Certains espéraient modérer Vox en l’impliquant dans le jeu institutionnel. Vox n’a fait au contraire que se radicaliser, en profitant de sa plus grande visibilité, pour durcir son discours. Transfuge du PP, Santiago Abascal fustige, pêle-mêle, « la plaie de l’immigration illégale », la « dictature progressiste », à commencer par le féminisme, et l’Union européenne, « une secte qui pourchasse ceux qui veulent en sortir » et promeut « une immigration massive » provenant « souvent de cultures non compatibles avec nos valeurs ».

L’Espagne souffre à présent de deux graves problèmes qui risquent de s’enkyster : la radicalisation de l’indépendantisme en Catalogne et l’essor de l’extrême droite, lesquels s’alimentent l’un l’autre.

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Pour y faire face, les partis de gouvernement doivent placer l’intérêt du pays avant leurs luttes de pouvoir et leurs rivalités personnelles. Il faut souhaiter que l’écho désastreux en Europe du retour de l’extrême droite dans un pays qui semblait immunisé par quarante ans de dictature franquiste crée un électrochoc.

Le Monde

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