la maturation civique d’un peuple

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Des ouvriers biélorusses manifestent devant l’usine MZKT, à Minsk, le 17 août 2020. Sur la  pancarte : « Vive la Biélorussie ! »...

Peinte en blanc-rouge-blanc, la Biélorussie a changé de visage, fleurs et drapeaux à la main. Mobilisés ou passifs, euphoriques ou inquiets, ses propres citoyens sont ébahis par cet élan collectif inouï. Dans tout le pays, le mouvement d’opposition qui avait marqué la campagne présidentielle s’est décuplé depuis les fraudes électorales massives du 9 août. Il a pris de court les autorités par son ampleur, son agilité, son courage face aux violences policières.

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Le régime d’Alexandre Loukachenko se craquelle. Ses mises en scène révèlent sa fébrilité. Il prétend que l’étranger hostile conspire, que les troupes de l’OTAN approchent des frontières, alors que les capitales retiennent leur souffle, face au choc des volontés : celle d’un homme s’agrippant au pouvoir, celle d’un peuple réclamant le sien. Une dialectique si simple, une situation si inflammable. Sous une telle pression populaire, le test de loyauté dans les structures de force sera déterminant pour le président.

Changement de régime, pourrissement ou bien répression sanglante, avec le soutien muet de Moscou : nul ne peut prédire ce que nous réservent les jours à venir. Mais une vérité s’impose : ce petit pays négligé et peu connu entre l’Union européenne (UE) et la Russie connaît une mutation accélérée sans précédent depuis la chute de l’URSS en 1991. Nous – experts, diplomates, journalistes – n’avons pas su la voir venir.

Une tradition d’opposition

L’espace postsoviétique a connu de nombreuses convulsions et mouvements populaires. De la « révolution des roses » en Géorgie (2003) à celles en Ukraine (2004, puis 2014), en passant par la « révolution des tulipes » au Kirghizistan (2005), le massacre d’Andijan par l’armée ouzbèke (2005) et les rassemblements de l’opposition à Moscou, sur la place Bolotnaïa (2012) : aucun de ces précédents ne convient tout à fait pour évoquer la Biélorussie. En Ukraine par exemple, lorsque le président Ianoukovitch perdit le pouvoir début 2014 après les affrontements sur la place Maïdan, le pays se divisait déjà en deux. Une partie occidentale se disait proeuropéenne, opposée aux ingérences russes. De même, il existait un véritable pluralisme politique et médiatique.

Ce mouvement populaire est liquide, comme celui de Hongkong. Insaisissable

On croyait la Biélorussie à part, en raison de son système répressif, de l’étroitesse de ses liens avec la Russie, de sa dépendance financière. Mais il existait aussi une tradition d’opposition. Il y a dix ans, au soir où Loukachenko obtenait un quatrième mandat dans un scrutin manipulé, près de 40 000 personnes sortaient dans la rue pour protester. La répression fut sévère. Aujourd’hui, l’ampleur de la mobilisation semble dépasser les capacités du ministère de l’intérieur à la juguler. Son public s’est aussi élargi, au-delà du cercle des militants classiques et des élites urbaines éclairées. Les fils de communication de la messagerie Telegram sont leur bulletin, leur relais et leur arme de séduction massive.

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