La Lituanie et la Norvège échangent des espions avec la Russie

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Deux espions russes ont été échangés vendredi à la frontière russo-lituanienne contre deux Lituaniens et un Norvégien condamnés pour espionnage en Russie.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 17h08

Temps de Lecture 3 min.

Le président lituanien, Gitanas Nauseda (à droite), et le chef des services lituaniens de renseignement, Darius Jauniskis, lors d’une réunion à Vilnius, vendredi 15 novembre.
Le président lituanien, Gitanas Nauseda (à droite), et le chef des services lituaniens de renseignement, Darius Jauniskis, lors d’une réunion à Vilnius, vendredi 15 novembre. STRINGER / AFP

Digne de la guerre froide, ce nouvel épisode témoigne des tensions réapparues ces dernières années dans la région. Vendredi 15 novembre, deux espions russes ont été échangés contre deux Lituaniens et un Norvégien condamnés pour espionnage en Russie.

« Les citoyens lituaniens Jevgenij Mataitis et Aristidas Tamosaitis et le citoyen norvégien Frode Berg sont bien arrivés en Lituanie », a annoncé à la presse le chef des services lituaniens de renseignement, Darius Jauniskis, précisant que l’échange avait eu lieu à la frontière entre la Lituanie et l’enclave russe de Kaliningrad. Frode Berg a été transféré à l’ambassade de Norvège à Vilnius, a précisé un conseiller du président lituanien, Jonas Vytautas Zukas.

Les deux Russes, Nikolaï Filiptchenko et Sergueï Moïsseïenko, graciés par le président lituanien Gitanas Nauseda, ont de leur côté été remis à la partie russe. L’imminence de l’échange avait été annoncée quelques heures plus tôt à Moscou par le directeur des services russes de renseignement extérieur (SVR), Sergueï Narychkine. Interrogé par les journalistes sur la grâce présidentielle dont ont bénéficié deux Russes en Lituanie, il a annoncé que Moscou prendrait « des mesures réciproques ». Le décret signé par le président Nauseda et publié sur son site Web explique que les Russes ont été graciés en vertu d’une nouvelle loi qui porte sur les échanges d’espions.

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La première ministre norvégienne, Erna Solberg, s’est aussitôt félicitée de la libération de M. Berg : « Je tiens à remercier les autorités lituaniennes pour leur coopération et les efforts qu’elles ont déployés pour obtenir [sa] libération. » M. Berg, qui avait un temps travaillé pour une agence gouvernementale norvégienne chargée de veiller au respect de l’accord frontalier entre la Norvège et la Russie, avait été arrêté en décembre 2017 en Russie. Ce retraité norvégien avait été condamné en avril en Russie à quatorze années de prison pour avoir collecté des informations sur les sous-marins nucléaires russes.

Des discussions compliquées

Les deux Lituaniens, Yevgeny Mataitis et Aristidas Tamosaitis, avaient, eux, été condamnés à respectivement treize ans et douze ans de prison en 2016 par la justice russe. Selon des fonctionnaires lituaniens, M. Filiptchenko, qui a travaillé pour le FSB, a tenté de recruter pour les services de renseignement russes d’importants responsables lituaniens. Il avait été condamné à dix ans de prison et n’avait pas fait appel. M. Moïsseïenko s’était, lui, vu infliger dix ans et demi de réclusion pour avoir recruté un capitaine lituanien en service à l’importante base aérienne militaire lituanienne de Siauliai. Il avait plaidé non coupable.

Selon le journal russe Vedomosti, il s’agirait du premier cas de libération d’espions présumés impliquant trois pays. Les négociations auraient débuté il y a plus d’un an mais se sont accélérées en avril, après la condamnation de M. Berg. Vilnius a ainsi réussi à intégrer Oslo à la négociation, alors même que les autorités norvégiennes ne disposaient pas de monnaie d’échange pour obtenir la libération de leur ressortissant.

Autre élément qui a compliqué les discussions : la gravité des faits reprochés à l’un des deux Russes. D’après les services de sécurité lituaniens, M. Filiptchenko aurait notamment tenté de recruter des officiers du ministère de la défense lituanien pour qu’ils placent des systèmes d’écoute au sein des bureaux de la présidente, Dalia Grybauskaitė. Selon les sources russes, il aurait donc fallu attendre le départ de cette dernière, en juillet, pour débloquer les négociations.

Les tensions entre la Russie et les pays baltes ayant appartenu à l’Union soviétique mais aujourd’hui membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de l’Union européenne se sont intensifiées après l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014, et plusieurs affaires d’espionnage ont été révélées. En février, l’Estonie et la Russie ont échangé à leur frontière deux hommes condamnés à des peines de prison pour espionnage. L’homme d’affaires estonien Raivo Susi a été échangé contre le Russe Artiom Zintchenko au poste frontalier de Koidula, dans le sud-est de l’Estonie. En 2015, la Russie avait expulsé un officier estonien, Eston Kohver, lors d’un échange sur un pont rappelant la guerre froide, avec un ancien responsable des services estoniens, Alexeï Dressen, condamné à seize ans de prison pour espionnage au profit de Moscou.

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