La jeunesse palestinienne sceptique face à son premier scrutin

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Une jeune fille palestinienne sous un drapeau lors d’une manifestation à Ramallah, en Cisjordanie, en 2011.
Une jeune fille palestinienne sous un drapeau lors d’une manifestation à Ramallah, en Cisjordanie, en 2011. MOHAMAD TOROKMAN / REUTERS

LETTRE DE JÉRUSALEM

Pour les Palestiniens, cette nouvelle année sera électorale. Ou ne le sera pas. Début
novembre, les factions palestiniennes annonçaient s’être enfin mises d’accord pour
organiser des élections parlementaires et présidentielle au début de 2020. Le processus électoral débuterait en février, ont même avancé certains. L’optimisme était de rigueur dans les rangs politiques tandis qu’un certain scepticisme prévalait chez les Palestiniens, qui n’ont pas voté dans ce type de double scrutin depuis 2005 et 2006.

Or, depuis novembre, rien n’a bougé ou presque. Retomberait-on dans les scénarios de 2014 ou de 2017 lorsque le vote promis n’avait pas abouti ? Cette fois, pourtant, les partis semblent prêts aux compromis pour y parvenir, malgré de nombreux obstacles. « En général, nos événements deviennent des non-événements, a admis Afif Safieh, diplomate et ex-ambassadeur, lors d’une conférence sur le sujet à Jérusalem. Cette fois, faisons de ces élections un événement ! »

Concessions et défiance

Le premier obstacle tient à la configuration politique marquée par une division profonde entre le Fatah de l’Autorité palestinienne (AP) siégeant à Ramallah en Cisjordanie et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, depuis sa victoire aux législatives de 2006. Malgré plusieurs tentatives de réconciliation, dont la dernière remonte à l’automne 2017, les deux partis n’arrivent toujours pas à s’entendre, chacun reprochant à l’autre sa mauvaise volonté.

Pourtant, ils semblent être parvenus à un compromis pour fixer le cadre de ces nouvelles élections. Le Hamas s’est d’ailleurs montré plus conciliant que l’AP ne l’attendait, prêt à des concessions pour que le scrutin ait bien lieu. Le mouvement islamiste pense avoir des chances de l’emporter en Cisjordanie, compte tenu de la défiance croissante des Palestiniens à l’égard de l’AP.

La perspective d’un processus démocratique pour élire ses dirigeants laisse d’ailleurs les Palestiniens perplexes. « Surtout la jeunesse palestinienne, celle qui n’a jamais voté », explique Tareq Baconi, analyste au think tank International Crisis Group. Parmi cette génération, née après les accords d’Oslo de 1993, beaucoup ne croient pas ou plus au « processus de paix » ou à la « résistance armée » contre l’ennemi israélien. Elle n’a aucune confiance dans ses représentants, engagés dans une coopération sécuritaire avec Israël en Cisjordanie, ce qu’ils considèrent comme une trahison tandis que la liberté d’expression est muselée.

A Gaza, le mouvement de contestation sociale « Nous voulons vivre », en mars 2019, a été violemment réprimé par le Hamas. « Beaucoup de Palestiniens parlent aujourd’hui de droits civils et d’égalité et ne mentionnent pas le projet national [d’un Etat palestinien], poursuit M. Baconi. Ils veulent plus de libertés, notamment de mouvement, et entendent démanteler le système d’apartheid qu’incarne l’occupation israélienne. »

Une jeunesse moins partisane

Selon l’analyste, les jeunes ne se revendiqueraient plus d’une attitude partisane pour le
Fatah ou le Hamas comme leurs parents. Dès lors, un changement de génération doit s’opérer pour que le leadership palestinien retrouve, peut-être, une certaine légitimité à leurs yeux. Âgé de 84 ans, le président Abbas compte néanmoins se représenter à la prochaine élection présidentielle…

Cependant, ni l’impasse d’une réconciliation intrapalestinienne, ni le scepticisme des Palestiniens ne semblent inquiéter leurs dirigeants. Pour eux, le seul point qui pourrait compromettre ces élections se résume à un mot : Jérusalem. Ses 450 000 résidents palestiniens pourront-ils y voter ? Le 10 décembre, l’AP a officiellement demandé à Israël d’autoriser les élections dans la Ville sainte. L’Etat hébreu n’a toujours pas donné sa réponse. Le 29 décembre, le président Abbas dénonçait la mauvaise volonté israélienne. « Nous ne tiendrons pas d’élections sans que Jérusalem en fasse partie », prévenait-il. Le raïs palestinien refuse de publier un décret qui établirait les dates des deux scrutins tant qu’Israël n’aura pas donné son approbation.

L’Etat hébreu interdit à Jérusalem-Est, la partie orientale qu’il occupe depuis 1967, toute activité politique issue de l’AP qu’il considère comme une atteinte à sa souveraineté sur la Ville sainte. Déjà en 2006, l’Etat hébreu avait voulu y empêcher des élections législatives palestiniennes, avant de céder face à la pression américaine. Cette fois encore, la communauté internationale pourrait jouer un rôle : certains Etats pourraient abriter des bureaux de vote dans leur consulat à Jérusalem, offrant ainsi un terrain neutre aux électeurs palestiniens.

En définissant Jérusalem comme la condition pour la tenue des élections, les dirigeants palestiniens risquent néanmoins de se discréditer, en faisant douter de leur réelle volonté à organiser un scrutin cette année. « Le refus d’Israël pourrait en fait servir d’excuse pour justifier l’échec d’un nouveau processus électoral », reconnaît Tareq Baconi.

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