« La grave erreur du traité de Versailles a été de vouloir imposer un modèle libéral à l’Europe »

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Cent ans après la signature, entre les Alliés et l’Allemagne, du traité de paix qui a mis un terme à la première guerre mondiale, l’historienne appelle, dans un entretien au « Monde », à tirer les leçons de ce texte et de ses conséquences.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 06h15, mis à jour à 07h02

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Entretien. Vainqueurs de la Première guerre mondiale, les Alliés signent le 28 juin 1919 le traité de paix dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Français, Britanniques et Américains imposent à l’Allemagne, exclue des négociations, les conditions de la paix de Versailles. Avec cent ans de recul, Laurence Badel, spécialiste des relations internationales à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne (UMR 8138 Sirice), revient sur les conséquences de ce traité de paix. Elle considère que les Européens n’en ont pas tiré toutes les leçons et met en garde les diplomaties occidentales actuelles tentées par la politique d’exclusion.

De gauche à droite : les principaux représentants des Alliés signataires du traité de Versailles (1919) : Lloyd George (Royaume-Uni), Vittorio Orlando (Italie), Georges Clemenceau (France) et Woodrow Wilson (Etats-Unis).
De gauche à droite : les principaux représentants des Alliés signataires du traité de Versailles (1919) : Lloyd George (Royaume-Uni), Vittorio Orlando (Italie), Georges Clemenceau (France) et Woodrow Wilson (Etats-Unis). Mary Evans Picture Library / Photononstop / Mary Evans Picture Library / Photononstop

Avait-on le sentiment, lors de la signature du traité de Versailles, que les conditions imposées à l’Allemagne étaient de nature à nourrir les rancœurs des Allemands et à relancer une logique de guerre ? Vingt ans plus tard, éclatait la seconde guerre mondiale.

Représentants d’Etats démocratiques, les négociateurs avaient conscience des attentes très fortes de leurs sociétés, des grandes espérances comme des critiques qui se sont exprimées dès le début de la conférence de Paris, de la lourdeur des conditions imposées à l’Allemagne. Certains d’entre eux, à commencer par le jeune économiste du Trésor, John Maynard Keynes, membre de la délégation britannique, ont alimenté le discours sur une paix « carthaginoise ». Ce qu’elle ne fut pas : en dépit de l’extrême dureté des conditions imposées, le traité de Versailles ne détruisit pas l’Etat allemand, et l’Allemagne demeura une puissance européenne.

Quels sont les bons côtés de la paix de Versailles ?

Si l’on s’en tient au seul traité de paix entre les puissances alliées et associées et l’Allemagne, il faut expliquer qu’il ne crée pas un cadre fixe et figé dans le marbre mais un processus évolutif. Tout n’était pas joué en 1919-1920, ce qui a eu aussi, c’est certain, un caractère déstabilisant. Les articles du traité laissaient souvent la possibilité d’évolutions ultérieures. Le traité de Versailles a aussi fait sortir de terre deux organisations internationales, la Société des nations [SDN, l’ancêtre des Nations unies] et l’Organisation internationale du travail (OIT), cette dernière (fondée par la partie XIII du traité de Versailles) ayant survécu sans solution de continuité jusqu’à nos jours. Par-delà l’essor des dictatures et la seconde guerre mondiale, ces organisations ont enraciné la diplomatie multilatérale et favorisé dans le domaine social, économique, sanitaire, culturel des échanges de pratiques et l’adoption de normes qui marquent encore notre temps.

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