La Grande Mosquée d’Alger, le chantier de trop du président déchu Abdelaziz Bouteflika

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Construite par les Chinois et critiquée pour son gigantisme, elle a coûté trois fois plus que prévu et sera inaugurée avec trois ans de retard.

Par Ali Ezhar Publié aujourd’hui à 11h23, mis à jour à 17h54

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Vue aérienne du site et des travaux de la Grande Mosquée d’Alger, en avril 2016.
Vue aérienne du site et des travaux de la Grande Mosquée d’Alger, en avril 2016. STRINGER / AFP

Ses pensées semblent s’être écrasées sur cet interminable pilier. Depuis de longues minutes, l’homme, assis sur une petite chaise au bord de la route, une cigarette aux lèvres, fixe d’un air un peu perdu la majestueuse tour qui tranche le paysage en deux. « En réalité, je ne la regarde même pas », dit-il. En cette fin de journée frisquette, ce quinqua n’est guère impressionné par le plus haut minaret du monde qui, de ses 265 mètres, se dresse fièrement devant lui. « C’est vrai, c’est magnifique, mais pour moi, ça ne représente pas grand-chose, c’est juste un monument », lâche-t-il.

En face de lui s’étire sur vingt hectares la fameuse Djamaâ El-Djazaïr, la Grande Mosquée d’Alger en arabe. Elle trône en majesté dans le quartier de Mohammadia, situé non loin d’El-Harrach, modeste cité de la capitale. Impossible de manquer la silhouette nacrée de ce « monument » qui domine la baie d’Alger et longe l’autoroute souvent embouteillée, donnant l’impression que les voitures se prosternent devant lui.

Dans le pays, tout le monde a entendu parler de ce chantier titanesque, dont la première pierre avait été posée le 31 octobre 2011 par le président Bouteflika. Près de huit ans plus tard, cette bâtisse faite de pierres blanches et de verre – avec une impressionnante coupole – est presque terminée.

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Capable d’accueillir jusqu’à 120 000 fidèles, cet édifice est la troisième mosquée la plus imposante de la planète, après celle de La Mecque et de Médine, les deux lieux saints de l’islam qui reposent en Arabie saoudite. « Pourquoi ? Pourquoi ? », martèle Brahim, un commerçant d’une soixantaine d’années qui habite juste en face.

Dans sa longue djellaba, cet homme, qui ne manque pas une seule prière, résume le sentiment de beaucoup d’Algériens : « A-t-on besoin d’une telle mosquée ? Il y en a des milliers autour de nous [20 000 recensées dans le pays] : on peut prier partout, même par terre. La vérité ? Nous ne sommes pas très contents. »

« Mégalomanie » présidentielle

Des plus pieux à ceux qui se considèrent comme athées, ils sont nombreux à réprouver la Djamaâ El-Djazaïr. « Certes, nous sommes le plus grand pays d’Afrique, nous avons été très riches, mais le prestige est à quel prix ? », se demande Abdelhamid, un quinqua à l’allure modeste, qui habite en face du sanctuaire dessiné par deux cabinets d’architecture allemands.

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