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La France a déployé temporairement deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la marine nationale en Méditerranée orientale sur fond de tensions entre la Grèce et la Turquie autour de l’exploitation gazière, a annoncé jeudi 13 août le ministère français des armées.
Mardi, Ankara avait fait savoir qu’il avait envoyé la veille un navire procéder à des recherches d’hydrocarbures dans une zone située pour deux tiers en zone maritime grecque, contestée depuis des décennies par la Turquie. La Grèce avait immédiatement réagi en envoyant un bateau « surveiller » les activités turques, selon Athènes, prévenant par la voix de son premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, « qu’aucune provocation ne resterait sans réponse ».
Macron dénonce des « violations » de la souveraineté grecque
Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir un renforcement temporaire de la présence militaire française dans cette zone et appelé la Grèce et la Turquie, toutes deux membres de l’OTAN, à se concerter davantage pour apaiser les tensions. Le 23 juillet, le chef de l’Etat avait vivement critiqué les « violations » des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie concernant l’exploration des ressources gazières en mer.
« [La] présence militaire [française] a pour but de renforcer l’appréciation autonome de la situation et d’affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international », a précisé pour sa part le ministère des armées.
Les deux Rafale vont faire « étape » jeudi à Souda, en Crète, et y resteront « quelques jours », a précisé le ministère. Ils avaient été précédemment déployés à Chypre de lundi à mercredi pour un exercice. Le porte-hélicoptères Tonnerre, qui est en route vers Beyrouth pour y apporter de l’aide après l’explosion meurtrière du 4 août, a par ailleurs été rejoint dans la nuit de mercredi à jeudi en Méditerranée par la frégate La Fayette qui avait appareillé de Larnaca (Chypre) et a réalisé un exercice avec la marine grecque.
Stratégie politique
« La Grèce et la Turquie ont toujours eu des relations de voisinage compliquées, mais depuis le coup d’Etat manqué contre Erdogan en 2016, la situation s’est nettement détériorée », avait expliqué au Monde Panagiotis Tsakonas, professeur de relations internationales à l’université d’Athènes. Confronté dans son pays à une sévère crise économique, le président turc tente de s’illustrer sur la scène internationale et d’étendre son influence hors des frontières turques, en Syrie, en Libye, en Méditerranée.
La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l’appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, Ankara souhaitant notamment s’imposer dans la ruée vers les hydrocarbures et s’affirmer comme première puissance en Méditerranée orientale.
Autre signe de cette volonté de conquête : en novembre 2019, la Turquie signait avec le gouvernement d’accord national libyen (GAN) un accord qui délimite les frontières maritimes bilatérales en empiétant sur des zones exclusives grecques et chypriotes.
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