La fable de Jordan Bardella sur Les Républicains favorables à l’entrée de la Turquie dans l’UE

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Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national aux élections européennes, le 1er-Mai lors d’un meeting à Metz.
Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national aux élections européennes, le 1er-Mai lors d’un meeting à Metz. CYRIL BITTON POUR LE MONDE

Les Républicains tiennent-ils un double discours sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne ? C’est l’intention que leur a prêté, dimanche 5 mai, Jordan Bardella (RN), accusant l’un des principaux candidats de la droite, Arnaud Danjean, d’avoir voté en faveur de crédits « pour l’intégration de la Turquie » dans l’UE.

Ce qu’il a dit

Invité de RTL dimanche 5 mai, la tête de liste du RN aux élections européennes du 26 mai, a accusé le parti Les Républicains de tenir un double discours sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne :

« Monsieur Danjean, qui est troisième sur la liste de monsieur Bellamy, a voté pas plus tard que cette semaine au Parlement européen en commission des crédits de plusieurs milliards d’euros pour l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. Donc moi, ce qui me dérange avec Les Républicains, c’est qu’ils parlent comme le Rassemblement national à trois semaines des élections, mais ils gouvernent comme la gauche quand ils sont au pouvoir. »

POURQUOI C’EST FAUX

1. Le Parlement européen ne siège plus depuis mi-avril

Jordan Bardella est resté vague lorsqu’il a évoqué un vote au Parlement européen ayant eu lieu « pas plus tard que cette semaine ». On comprend pourquoi : en réalité, les députés européens ne siègent plus (et donc ne votent plus) depuis le 18 avril, date de la fin de la session. Leurs travaux sont suspendus pendant toute la campagne en cours, et ce jusqu’aux élections, comme on peut le voir sur le calendrier du Parlement.

La tête de liste du Rassemblement national, qui brigue un mandat européen pour la première fois, n’avait, semble-t-il, pas ce calendrier en tête lorsqu’il s’en est pris à ses concurrents de LR dimanche. Contactée, l’équipe du candidat n’a pas donné suite à nos sollicitations pour l’heure.

2. Arnaud Danjean n’a pas voté en faveur des crédits destinés à la Turquie

Ceci dit, Jordan Bardella faisait tout de même référence à un vote qui a bien eu lieu au Parlement européen. Il s’agissait d’un vote sur des crédits intitulés « IAP III » (pour Instrument d’aide de préadhésion), un budget destiné aux Etats candidats à l’entrée dans l’Union européenne qui vise à soutenir leur mise en conformité aux normes européennes, tant d’un point de vue institutionnel qu’administratif et économique.

Arnaud Danjean s’est abstenu, en grande partie à cause de la question turque

Mais contrairement à ce qu’a affirmé Jordan Bardella, le candidat LR Arnaud Danjean n’a pas voté en faveur de ces crédits mais s’est abstenu, en grande partie à cause de la question turque, comme il s’en est expliqué au Parlement le 27 mars :

« Les fonds destinés à la Turquie, qui est une puissance régionale non européenne, nous semblent trop importants alors même que les sujets de préoccupations communs, comme les migrations, font l’objet d’accords financiers spécifiques. »

Autre argument avancé par l’eurodéputé : « Le nom même de ce budget, “instrument de préadhésion”, introduit une confusion très dommageable. » Selon lui, ces fonds sont en principe légitimes, car ils participent à « la stabilisation et au développement des pays voisins, particulièrement des Balkans ». Mais l’élargissement de l’Union « est un processus politique pour lequel il n’existe pas d’unanimité, ce n’est pas un processus mécanique et financier », considère-t-il. Il estime donc qu’il faudrait renommer ces fonds et les « déconnecter clairement de la problématique de l’élargissement ».

3. Les Républicains sont hostiles de longue date à l’entrée de la Turquie dans l’Europe

A l’instar de son parti, Arnaud Danjean s’est publiquement dit hostile à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne depuis des années. Dès 2014, par exemple, il affirmait au JDD que certains pays « n’ont pas à entrer dans l’UE, comme la Turquie ou l’Ukraine ».

Il se prononçait également contre cette perspective dans Le Figaro en 2015, estimant que l’intérêt mutuel de l’UE et de la Turquie était de tendre vers un « partenariat stratégique reposant sur un rapprochement maximal sur des sujets d’intérêt commun (sécurité, économie, énergie) sans intégration pleine et entière à l’Union européenne ».

Enfin, agiter le spectre de l’entrée de la Turquie dans l’UE relève plus d’une grosse ficelle de campagne que d’un réel débat pour la mandature européenne qui s’ouvrira à l’issue des élections de mai 2019. Les négociations sur ce sujet patinent, en effet, depuis des décennies, et demeurent à un stade encore peu avancé.

Lire aussi La Turquie dans l’Union européenne, ça n’est pas pour bientôt

Adrien Sénécat

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