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Chronique. Pour définir la dépression économique liée au Covid-19 et aux mesures de confinement, les économistes, dans leur langue étrange, parlent de « choc symétrique ». Comprendre : la nature de la crise frappant nos nations – le virus – est la même partout. Elle n’est pas le fruit, comme en 2008, d’excès sur le marché immobilier, de bulles spéculatives ou, encore, de la mauvaise gestion des comptes publics par certains gouvernements.
En revanche, l’ampleur de la pandémie varie immensément d’un Etat à l’autre. En outre, certains seront bien plus affectés par le plongeon de l’activité. Dans la zone euro, les pays du Sud, en particulier l’Italie et l’Espagne, seront en première ligne. La double peine qu’ils subissent est d’une violence difficilement concevable au nord du continent, et pas seulement parce que Madrid et Rome enregistrent un nombre de morts important.
Portugal, Grèce, Espagne et Italie sont entrés dans la pandémie avec des fragilités structurelles considérables. En raison de leur population vieillissante, ils affichent une croissance potentielle très faible. Ces dernières années, leurs économies ont vivement rebondi grâce au tourisme mais, comble de malchance, ce secteur est aujourd’hui le plus fortement pénalisé par l’arrêt partiel de l’activité.
Dettes publiques creusées
En outre, si le Portugal et la Grèce sont parvenus à endiguer rapidement la propagation du virus, les mesures de confinement sont particulièrement sévères en Italie et en Espagne. L’impact sur l’économie y sera plus intense qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas.
Au prix des politiques d’austérité douloureuses menées entre 2010 et 2015, Lisbonne, Athènes, Madrid sont parvenues à redresser leurs déficits et à réformer leur économie. Mais en aggravant la récession où ces pays s’enfonçaient, cette cure de rigueur a également creusé leur dette publique. Au troisième trimestre 2019, selon Eurostat, celle de l’Espagne s’établissait à 95,5 % du produit intérieur brut (PIB), celle du Portugal, à 117,7 % et celle de la Grèce, à 176,6 %, contre 84,1 % en moyenne dans la zone euro. En Italie, où elle frôlait déjà les 135 % du PIB fin 2019, elle devrait franchir la barre des 150 % d’ici la fin de l’année.
Résultat : le sud de la zone euro a plongé dans l’épidémie en disposant de marges de manœuvre budgétaires plus limitées qu’au nord pour maintenir les entreprises et les ménages à flot pendant le confinement. Selon les données compilées par Pictet, les aides atteignent 4,4 % du PIB en Allemagne, 4,1 % en France (les 100 milliards d’euros du plan d’urgence), 2,5 % aux Pays-Bas, mais 1,4 % du PIB seulement en Italie et en Espagne. En Grèce et en Espagne, le montant ne dépasse guère 1,2 % du PIB.
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