« La dépolitisation des enjeux politiques et sociaux a formé le terreau de discours populistes »

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La publication des résultats officiels des élections a provoqué un mouvement de contestation. Si le facteur religieux n’a pas été déterminant lors du scrutin, la démocratie se trouve fragilisée par les risques de débordement, explique la politiste Delphine Allès dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 16h19 Temps de Lecture 5 min.

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« La contestation des institutions au nom de la revendication d’un privilège majoritaire forme l’expression paradoxale d’un rejet du produit des institutions démocratiques en faveur d’une conception dévoyée de la démocratie ».Photo le president Joko Widodo à Jakata (Indonésie)  le 21 mai.
« La contestation des institutions au nom de la revendication d’un privilège majoritaire forme l’expression paradoxale d’un rejet du produit des institutions démocratiques en faveur d’une conception dévoyée de la démocratie ».Photo le president Joko Widodo à Jakata (Indonésie)  le 21 mai. WILLY KURNIAWAN / REUTERS

Tribune. Dès le 21 mai, la publication des résultats officiels des élections organisées le 17 avril dernier en Indonésie a fait descendre dans les rues de Jakarta de nombreux partisans du candidat malheureux, Prabowo Subianto. En manifestant leur mécontentement devant les bâtiments des institutions chargées de superviser le déroulement des scrutins et le décompte des suffrages, ces électeurs contestent le résultat d’un processus électoral libre et transparent. Si Prabowo Subianto a fini par appeler les manifestants à rentrer chez eux en attendant le résultat du recours qu’il a déposé devant la Cour constitutionnelle, les tensions suscitées par un résultat pourtant sans équivoque – le président sortant, Joko Widodo a été réélu par 55,5 % des électeurs – invitent à reconsidérer l’analyse de la vie politique de la troisième démocratie du monde au prisme de la défiance instillée à l’égard des institutions.

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Dans un espace public marqué par une relative liberté d’expression mais une dépolitisation des enjeux politiques et sociaux, l’externalisation des dissensus a formé le terreau de discours populistes qui – en Indonésie, comme ailleurs – ont sapé la confiance de certains électeurs dans les institutions représentatives et nourri une confusion dangereuse entre démocratie et privilège majoritaire.

La plupart des commentaires de la campagne électorale se sont focalisés sur l’islamisation de la scène politique indonésienne. Manifeste dans les symboles et les gages donnés par les candidats à l’électorat conservateur, mais relativisée par les urnes, celle-ci n’est que l’un des effets secondaires – et en aucun cas la cause – de ce phénomène qui fragilise la démocratie indonésienne.

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A la tête d’une coalition parlementaire hétérogène, le président sortant s’est employé au cours de son premier mandat à créer du consensus en dépolitisant l’action de son gouvernement, affichant le souci d’identifier les solutions pragmatiques de problèmes concrets. Ainsi a-t-il pris le parti d’abandonner nombre des engagements en matière de droits humains et de consolidation de l’Etat de droit pris durant la campagne de 2014, et de présenter sous un angle technique son programme de développement ou encore l’ambitieuse réforme agraire qu’il entend accélérer au cours de son second mandat.

Des discours populistes

La mise en retrait du Parlement, dont très peu de débats ont filtré durant son mandat alors que la chambre basse s’était imposée comme un élément moteur de la démocratie indonésienne sous la présidence précédente de Susilo Bambang Yudhoyono, s’est inscrite dans une logique similaire. Si elle visait à créer les conditions d’une action politique efficace, cette stratégie a abandonné le terrain de la controverse politique à une ligne populiste exprimant, dans la rue et sous la forme d’une contestation des institutions, les clivages trop peu audibles dans le cadre de la démocratie représentative.

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