« La démocratie libérale n’apparaît plus comme le modèle légitime »

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Alors qu’il semblait clair, après novembre 1989, que le libéralisme politique et économique serait l’exemple à suivre pour l’ancien camp socialiste, un « espace antilibéral parallèle » réunissant des gouvernants populistes et nationalistes s’est pourtant constitué face aux démocraties traditionnelles, estime l’ancien diplomate Michel Duclos.

Publié aujourd’hui à 06h15 Temps de Lecture 5 min.

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C’est depuis Moscou – où j’étais en poste – que j’ai vécu pour ma part la chute du mur de Berlin. Il ne faisait pas de doute à ce moment-là que cet événement incroyable annonçait la fin, d’une manière ou d’une autre, de l’Union soviétique. La preuve la plus spectaculaire était donnée en effet que le leadership soviétique ne se croyait plus en mesure d’arrêter un mouvement populaire en faisant tirer sur la foule, comme cela avait été le cas entre autres à Budapest en 1956. Question de moyens, de capacités militaires ou autres ? Peut-être, mais, surtout, M. Gorbatchev et ses collègues ne se sentaient plus suffisamment légitimes pour défendre le système communiste en ayant recours à la force.

A Moscou même, au cœur du camp socialiste, il était clair en 1989 que la légitimité était passée désormais du côté des Occidentaux, du côté du libéralisme politique, associé dans l’esprit de tous, à cette époque, au libéralisme économique. Trente ans plus tard, dans une interview donnée, en juin, au quotidien économique britannique Financial Times, le président Vladimir Poutine indique – presque de manière incidente – que le modèle libéral est à son sens dépassé. « Les valeurs traditionnelles, note le successeur de Gorbatchev, sont plus importantes pour des millions de gens que cette idée libérale qui à mon sens a cessé d’exister. »

Une boîte à outils antilibérale

M. Poutine aurait-il ainsi tiré un trait sur le modèle libéral quelques années plus tôt ? Probablement non, car une sorte de basculement géopolitique, qui est aussi un basculement des esprits, s’est produit au tournant des années 2014-2016, quand le PIB de la Chine en parité de pouvoir d’achat (PPA) a égalé celui des Etats-Unis, la Russie est intervenue en Syrie, le Brexit l’a emporté au Royaume-Uni et Donald Trump a été élu à la Maison Blanche. Nous sommes entrés dans ce que l’on pourrait appeler le monde des « nouveaux autoritaires » : ces « hommes forts », autocrates, chefs populistes et autres dictateurs qui définissent aujourd’hui l’air de notre temps.

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Désormais, ce ne sont plus les stratégies des Etats qui retiennent l’attention, c’est le ballet des rencontres, fâcheries, rapprochements entre Donald Trump, Xi Jinping, Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan en Turquie, Viktor Orban en Hongrie, Narendra Modi en Inde, Benyamin Nétanyahou en Israël, Mohammed Ben Salman en Arabie saoudite et quelques autres, comme Jair Bolsonaro au Brésil ou Matteo Salvini en Italie. Ces personnages proviennent d’horizons divers, certains sont des dictateurs patentés, d’autres dirigent des démocraties dévoyées, d’autres encore sont en transition. Tous partagent, à des degrés variables, certes, une sorte de boîte à outils antilibérale où s’entassent nationalisme, kleptocratie, centralisation du pouvoir, restriction des libertés, dédain pour l’Etat de droit et prétention à incarner le peuple.

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