La démocratie indienne déshonorée au Cachemire

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Editorial. Un an a passé depuis le coup de force du premier ministre indien, Narendra Modi, dans l’Etat du Jammu-et-Cachemire – le Cachemire indien –, le 5 août 2019. Cette région himalayenne à majorité musulmane, qui jouissait depuis 1949 d’une autonomie inscrite dans la Constitution indienne, a été brutalement placée sous la coupe de New Delhi et isolée du monde. Toutes les communications ont été coupées, la population confinée pendant des mois, bien avant l’épidémie de Covid-19. Comme en témoigne avec force l’envoyé spécial du Monde, le régime indien pratique torture et arrestations arbitraires sur ce territoire, il enferme élus, avocats, journalistes, militants des droits de l’homme et simples citoyens, il remplace les musulmans par des hindous aux postes stratégiques.

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Depuis trois décennies, la région est secouée par une insurrection longtemps soutenue par le Pakistan voisin. Mais les infiltrations transfrontalières ont fortement diminué, et ce sont désormais les actes arbitraires du gouvernement central qui renforcent le sentiment anti-indien et nourrissent la violence. La rébellion est alimentée par les multiples humiliations infligées par le pouvoir aux musulmans cachemiris, qui avaient pourtant choisi l’Inde après le départ des Britanniques et symbolisaient une Inde plurielle chère au premier chef du gouvernement de l’indépendance, Jawaharlal Nehru.

Evolution inquiétante

C’est précisément cette Inde bâtie sur les principes de laïcité et d’égalité que l’actuel premier ministre s’emploie à démolir, au nom du projet des nationalistes : l’Hindutva, une Inde hindoue. Pour l’imposer, le gouvernement Modi est prêt à tout : purger l’histoire de l’héritage musulman et de celui de Nehru, museler les intellectuels, manipuler la démocratie en achetant les voix de députés.

L’Occident a eu tort de fermer les yeux sur le drame des Cachemiris, car le coup de force du gouvernement nationaliste indien n’était que la première étape d’un agenda entièrement dirigé contre les musulmans. En décembre, une loi a été votée qui exclut les seuls réfugiés musulmans de l’accès à la nationalité indienne. Cette obsession a abouti fin février à un déchaînement de violence dans les quartiers nord de New Delhi : une cinquantaine de musulmans sont morts, beaucoup ont perdu maison et travail. Et Narendra Modi a choisi le jour anniversaire du coup de force au Cachemire, le 5 août, pour lancer à Ayodhya le chantier, controversé depuis des décennies, de la construction d’un temple hindou, en lieu et place d’une mosquée.

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La France, qui se veut la patrie des droits de l’homme, ne doit plus rester silencieuse face à la régression nationaliste d’un pays qui se présente comme la plus grande démocratie du mon­de. Or, Paris, focalisé sur la vente de ses avions Rafale à l’armée indienne, est demeuré sans réaction. Quant à Donald Trump, il aime s’afficher en ami du premier ministre d’un pays trop utile pour contrebalancer l’influence grandissante de la Chine.

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A l’heure de la défiance à l’égard de Pékin, les Occidentaux risquent de fermer les yeux encore longtemps sur l’évolution inquiétante de la démocratie en Inde, car le sous-continent est bien placé pour devenir la nouvelle usine du monde. Les Cachemiris risquent donc d’être les victimes de la realpolitik occidentale en Asie. Or, le sort de cette minorité ne saurait être considéré comme un simple « problème intérieur », comme le voudrait Modi, car aucune paix durable, aucune démocratie digne de ce nom ne se construit sur des atteintes aux droits de l’homme.

Le Monde

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