La démocratie indienne à la dérive

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Analyse. De passage à New Delhi, le 10 septembre, pour célébrer la réception des premiers Rafale vendus à l’Inde, Florence Parly, la ministre de la défense, n’a pas manqué de saluer « la plus grande démocratie du monde ». C’est un rituel de la part des membres du gouvernement français. L’expression est affreusement galvaudée, mais, surtout, elle nie la réalité politique du sous-continent. L’Inde est certes le deuxième pays le plus peuplé du monde – 1,3 milliard d’habitants –, les élections y sont libres, mais les piliers de la démocratie s’effondrent, le respect des droits de l’homme et les libertés fondamentales ne sont plus garantis.

Bien des signaux, depuis l’arrivée des nationalistes au pouvoir, en 2014, auraient pu convaincre les officiels français que l’Inde n’est pas, n’est plus, la plus grande démocratie du monde. Elle est tout au mieux une démocratie illibérale – en témoignent le coup de force au Cachemire, où la torture est une pratique documentée, la mise à l’écart des musulmans, la montée du fanatisme hindou, la reprise en main des universités, la chasse aux intellectuels, l’extrême concentration des pouvoirs. Il n’en a rien été.

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Trois jours après le départ de Mme Parly, des événements extrêmement graves laissent penser que l’Inde a sombré cette fois « dans la nuit noire de la tyrannie », comme l’écrit dans sa dernière chronique de l’Indian Express un brillant politiste indien, Pratap Bhanu Mehta. Que s’est-il passé ? Après six mois d’investigations, la police de Delhi, chargée d’enquêter sur les violences intercommunautaires de février, qui avaient ensanglanté les quartiers nord-est de la capitale, faisant 53 morts, des centaines de blessés, des milliers de maisons et d’échoppes brûlées, principalement du côté musulman, a conclu à une conspiration destinée à déstabiliser le gouvernement de Narendra Modi, au moment où celui-ci recevait Donald Trump.

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Pour les policiers, les responsables de ces trois jours de terreur, les plus violents depuis la partition du pays en 1947, ne sont pas, comme on pouvait le penser, des fanatiques hindous, mais les participants aux manifestations contre le Citizenship Act, la loi sur la citoyenneté. Cette réforme, adoptée en décembre 2019, accorde la naturalisation aux immigrés en provenance des pays voisins, à l’exception des musulmans. Un texte en rupture avec les principes d’égalité et de laïcité inscrits dans la Constitution indienne.

Criminalisation des manifestations

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