la décision de Johnson, un « acte de vandalisme constitutionnel » pour la presse

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Le premier ministre a obtenu la suspension du Parlement pendant cinq semaines. Un choix « sournois et antidémocratique » selon les médias outre-Manche.

Publié aujourd’hui à 02h40, mis à jour à 02h50

Temps de Lecture 3 min.

Devant le 10 Downing Street, la résidence du premier ministre britannique à Londres, le 28 août.
Devant le 10 Downing Street, la résidence du premier ministre britannique à Londres, le 28 août. Kirsty Wigglesworth / AP

« Ceux qui se sont battus avec tant de passion pour obtenir une victoire du “leave” [camp pro-Brexit] lors du référendum de 2016 sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne étaient bien clairs : il s’agissait alors d’une campagne juste, pour préserver la souveraineté du Parlement et reprendre en main le contrôle de nos lois sur des technocrates non élus », rappelle le quotidien écossais The Scotsman.

La décision du premier ministre britannique, Boris Johnson, mercredi 28 août de suspendre le Parlement pendant cinq semaines, soit jusqu’au 14 octobre, deux semaines seulement avant la date du Brexit, a mis leurs ambitions « en lambeaux », souligne le journal. « C’est un coup d’Etat, mené par un chef de gouvernement non élu », estime un des éditorialistes du Guardian, Owen Jones : « Cette dernière manœuvre est un acte d’orgueil commis par une élite politique irresponsable. »

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« Un instrument pour museler le Parlement »

Dans une lettre envoyée aux parlementaires, dans la matinée de mercredi, M. Johnson a justifié cette mesure par sa volonté de présenter un nouveau programme législatif « ambitieux ». Devant les caméras de Sky News, accueillies dans la foulée de cette annonce au 10 Downing Street, il a notamment décliné en bafouillant : « Nous devons réduire le taux de crimes violents, investir dans notre fantastique NHS [National Health Service, le système de santé publique du Royaume-Uni]… »

« A un moment donné, il était tellement enthousiasmé par son nouvel agenda intérieur qu’il ne pouvait plus se rappeler de quoi il s’agissait », plaisante Tom Peck, éditorialiste à The Independent. Et ce dernier d’insister alors sur l’expression de Boris Jonhson : « Nous devrions être reconnaissants, avec son sourire narquois le premier ministre prouve qu’il n’est pas vraiment sérieux quand il insulte notre intelligence de cette manière. Ni même la sienne. Ce geste confirme son mensonge. »

L’actuel chef du gouvernement britannique « a écrit beaucoup de choses malhonnêtes dans sa vie, mais peu aussi préjudiciable » que la missive de ce mercredi, juge The Guardian : « Personne n’est dupe (…) cette prorogation est un instrument pour museler le Parlement » à l’approche de la date butoir du divorce entre Londres et Bruxelles, fixée au 31 octobre. « La suspension (…) pendant cinq semaines au milieu de la crise du Brexit est sournoise et antidémocratique. Il est fallacieux de prétendre que cette procédure est normale et que cela n’a rien à voir avec notre départ prévu de l’Union européenne », abonde The Independent.

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« L’action du premier ministre pourrait être conforme à la loi, mais dans l’esprit, c’est un acte de vandalisme constitutionnel injustifié », poursuit The Guardian : « [Il] fait preuve de l’arrogance irresponsable dont il est reconnu depuis longtemps capable. Mais il opère également dans les paramètres techniques de ce que le système politique britannique autorise dans toutes ses particularités archaïques. C’est ce qui rend la prorogation si sournoise. Comme tout escroc de confiance, M. Johnson sait comment tromper de vérité. »

« De quel côté les gens vont-ils pencher »

« Est-ce vraiment le chef de gouvernement dont on rêvait ?, feint de s’interroger The Scotsman. Pour un homme qui se prend pour Winston Churchill, le premier ministre se comporte de la manière la plus irresponsable qui soit, afin de sauver sa peau. » « La décision prise ce matin devant les caméras de télévision avec ce sourire insupportable, de dépouiller l’aura de légitimité que le Parlement aurait pu lui attribuer, peut se révéler d’une naïveté monumentale, pas même à long terme, mais dans à peine 11 semaines », met en garde Tom Peck.

« La guerre des cœurs et de l’opinion publique a à peine commencé. De quel côté les gens vont-ils pencher, vers leur Constitution et leur Parlement bafoués par un conservateur aux accents révolutionnaire ? Ou verront-ils Johnson comme le véritable représentant du peuple, conduisant les Brexiters en colère vers la réalisation de leurs désirs ? (…) Ceci n’est que la première étape de la menace par tous les moyens nécessaires de Johnson. Attendez-vous à plus de tels moyens à venir », prévient l’éditorialiste du Guardian, Polly Tonybee.

« C’est donc ce à quoi ressemble la reprise du contrôle. Après avoir construit leur campagne de retrait de l’Union européenne autour de l’argument voulant que la suprématie du Parlement britannique soit rétablie, les Brexiters qui contrôlent le 10 Downing Street ont maintenant décidé que le meilleur moyen de libérer leur Parlement adoré était de le fermer », ironise The Irish Times. « Peu importe la fréquence à laquelle Johnson et ses acolytes affirment qu’ils mettent en œuvre la volonté du peuple, un fait ne peut pas changer : personne n’a voté pour. Pas un seul citoyen britannique n’a jamais été invité à approuver un dur Brexit, sans parler d’un non-accord. »

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