« La cybersécurité collective doit être négociée au G7 »

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Alors que les grandes puissances ont su par le passé négocier la limitation des armements conventionnels ou nucléaires, la course aux cyberarmes n’est pas un sujet de la diplomatie, déplorent les spécialistes de cybersécurité Jean-Jacques Quisquater et Charles Cuvelliez, dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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« La rhétorique de la cybermenace est brandie contre la Chine dans l’affaire Huawei, mais aussi contre la Russie et ses alliés, voire entre alliés. Tout le monde accuse tout le monde. »
« La rhétorique de la cybermenace est brandie contre la Chine dans l’affaire Huawei, mais aussi contre la Russie et ses alliés, voire entre alliés. Tout le monde accuse tout le monde. » DPA / Photononstop / DPA / Photononstop

Tribune. Pourtant membres d’une alliance militaire, les pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) mènent, chacun dans leur coin, leur propre politique de cyberdéfense. Leurs hésitations face à la « menace » d’Huawei brandie par les Etats-Unis montrent leur incapacité à faire des questions de cybersécurité l’objet d’une diplomatie active et volontaire, comme ils ont pourtant su le faire jadis pour les armes nucléaires et conventionnelles, ou pour la sécurité collective.

Les Etats-Unis ont exercé une pression intense sur les pays de l’OTAN pour qu’ils s’achètent entre eux la technologie 5G plutôt qu’à la Chine. Selon Washington, la présence d’équipements télécoms chinois chez ses alliés minerait l’interopérabilité des armées en cas d’opération militaire qui ne plairait pas à Pékin. Est-il concevable, disent les Etats-Unis, que tous les systèmes d’information en Occident soient aux mains de Huawei, donc d’une puissance étrangère qui aura beau jeu de les contrôler en cas de conflit politique ou militaire où la Chine serait partie prenante ?

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Certes, mais pour les pays de l’OTAN qui ne sont pas aussi riches que les Etats-Unis, l’offre chinoise d’une technologie de pointe, et du financement qui permet de l’acquérir, est difficile à refuser, d’autant que la menace invoquée par Washington n’est pas si claire que cela.

Car les Chinois ne sont ni les Russes d’aujourd’hui, ni les Soviétiques d’hier. La Chine n’est pas l’ennemi contre lequel l’OTAN a été créée. Le traité de l’Atlantique Nord de 1949 explique sa raison d’être par la défense les systèmes politiques des pays membres, à savoir la démocratie, les libertés individuelles et le fonctionnement de nos sociétés sur base de lois. A l’époque, les Soviétiques visaient l’hégémonie mondiale et l’exportation de leur modèle totalitaire, une menace à laquelle l’OTAN répondait. Les Chinois, eux, ne visent qu’un poids politique dans les affaires du monde équivalent à leur poids économique.

« Soft power »

La Chine exerce une certaine forme de capitalisme (un capitalisme d’Etat) qui poursuit des objectifs d’innovation technologique et d’augmentation du bien-être de sa population, des objectifs au fond similaires au capitalisme occidental. Ce qui gêne l’Occident, c’est que la Chine présente un autre modèle aux pays émergents en recherche de progrès matériel, progrès qui ne semblait accessible qu’en adhérant au modèle politique occidental.

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Ce qui gêne aussi, c’est l’expansion de la Chine dans nos propres économies, où elle rachète à tour de bras des entreprises, des ports, des chemins de fer, et acquiert ainsi un « soft power » dans les pays traversés par les Routes de la soie. La conquête de parts de marché et l’influence économique n’ont rien à voir avec l’OTAN. Contenir la Chine par cette voie reviendra à diviser l’Occident. Ce ne sont pas les Chinois qui financent les partis populistes qui ébranlent les démocraties, c’est la Russie !

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