La curieuse visite du président polonais à Washington

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Editorial du « Monde ». Deux présidents en campagne, aux affinités politiques assumées, se sont rencontrés, mercredi 24 juin, à la Maison Blanche. Pour l’un, le Polonais Andrzej Duda, l’affaire était urgente : l’élection a lieu dimanche et, s’il est en tête des sondages pour un second mandat, il devra affronter, selon toute probabilité, au second tour, le 12 juillet, un candidat d’opposition qui, bien qu’entré tard dans la course, se révèle un dangereux adversaire. Pour l’autre, Donald Trump, l’échéance, le 3 novembre, est un peu plus lointaine ; mais il a dû prendre connaissance avec effarement, au moment où il recevait son invité polonais, de la dernière étude d’opinion qui accorde à son challenger démocrate, Joe Biden, 50 % des intentions de vote, contre 36 % à lui-même.

Même si les voix de la diaspora polonaise aux Etats-Unis ne seront pas superflues pour Donald Trump, celui qui avait le plus à gagner de cette visite organisée en toute hâte est évidemment le président Duda. Il est le premier dirigeant étranger à se déplacer à Washington depuis le début de la pandémie de Covid-19 ; pour lui, le bénéfice potentiel de ce passage éclair à la Maison Blanche était largement supérieur au dégât collatéral du procès en ingérence d’une puissance étrangère, dans la dernière ligne droite de la campagne, que ne manquerait pas de lui faire l’opposition.

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Pourtant, à part sa photo aux côtés du président des Etats-Unis, toujours efficace auprès d’un électorat polonais résolument atlantiste, Andrzej Duda rentre bredouille à Varsovie. Il n’a pas récolté les annonces espérées, lui qui avait offert en 2018 de baptiser « Fort Trump » une future base américaine en Pologne. M. Trump est resté très évasif sur le nombre de militaires américains qu’il était disposé à envoyer en renfort en Pologne : « Nous allons réduire notre contingent en Allemagne, a-t-il dit. Certains soldats rentreront au pays, d’autres iront vers d’autres destinations. La Pologne pourrait être l’une d’elles. » Comme engagement ferme et précis, on fait mieux.

Rappel à l’ordre

Le président américain a-t-il été pris d’un soudain accès de rationalité ? Obsédé depuis le début de son mandat par son ressentiment à l’égard des excédents commerciaux de l’Allemagne, il reproche à Berlin son budget de défense insuffisant et le gazoduc Nord Stream 2, qui doit acheminer du gaz russe en Europe. En guise de punition, il a annoncé récemment le retrait – sans en fixer ni le délai ni les modalités – de 9 500 hommes du contingent américain stationné en Allemagne et son plafonnement à 25 000 militaires. C’est sur cette annonce qu’a bondi le président polonais, dans l’espoir de voir transférer une partie de ces troupes d’Allemagne en Pologne.

Peut-être Donald Trump a-t-il fini par prêter l’oreille aux critiques du Congrès et aux responsables du Pentagone, qui savent que leurs bases en Allemagne ne servent pas qu’à protéger ce pays : elles sont très utiles aux autres forces américaines déployées ailleurs. Ils savent aussi que les accords d’élargissement de l’OTAN, notamment à la Pologne, prévoyaient de ne pas créer de nouvelles bases près de la frontière russe. En allant courtiser ouvertement un Donald Trump en grande difficulté, au mépris de la solidarité européenne, le président polonais a un peu plus terni sa réputation dans l’Union européenne.

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Il a aussi dû se plier à un rappel à l’ordre tardif du secrétaire général de l’OTAN, soucieux de maintenir l’ensemble de la présence américaine en Europe. Une visite électorale, en somme, bien peu glorieuse.

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Le Monde

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