« La crise sanitaire n’a pas été causée par un manque de souveraineté, mais plutôt par un trop-plein »

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Tribune. L’idée de souveraineté opère un retour en force à la faveur de la crise du Covid-19. Après tout, Carl Schmitt (1888-1985) n’avait-il pas énoncé un siècle auparavant qu’« est souverain celui qui décide de la situation d’exception » ? La souveraineté a le mérite de se décliner en toutes les versions : sanitaire, alimentaire, industrielle et, bien sûr, nationale.

A en croire ses thuriféraires, il serait urgent que l’Etat, français si possible, réaffirme son autorité et réinvestisse les champs de la société qu’il avait préalablement désertés. Il n’y a en vérité guère de terme plus mal choisi pour penser le monde actuel et celui de demain.

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Sans s’attarder sur l’ironie d’appeler à un retour de l’Etat dans un pays où celui-ci n’a jamais autant prélevé et consommé la richesse qui y est produite, il faut avoir à l’esprit que la souveraineté, celle de Thomas Hobbes (1588-1679) ou de Jean Bodin (1529-1596), implique un pouvoir absolu et illimité.

Les Etats pas adaptés aux enjeux du monde contemporain

Or, il y a bien longtemps que ce pouvoir n’existe plus, étroitement encadré par l’Etat de droit et les libertés fondamentales. On peut s’accommoder de son retour temporaire et proportionné en période exceptionnelle, mais il faut espérer qu’il disparaisse sitôt celle-ci terminée. D’autant que c’est cette même souveraineté qui sert d’alibi à la république jacobine pour nier aux territoires qui le réclame leur droit à l’existence politique.

La souveraineté suppose aussi de faire de l’Etat le cadre de référence de l’action politique. Or, les Etats, fussent-ils la Chine ou les Etats-Unis, ne sont pas adaptés aux enjeux du monde contemporain. Ecologie, commerce, migrations, épidémies : il ne manque pas de sujets sur lesquels l’action étatique unilatérale est condamnée à l’échec, sauf peut-être au prix d’une mise en autarcie totale.

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La souveraineté est un artifice qui n’offre que l’illusion du contrôle qu’elle prétend incarner. La France pourrait bien relocaliser une poignée d’industries « stratégiques », cela ne la rendrait pas plus hermétique aux aléas de la vie planétaire. Une réalité s’impose, pour effrayante qu’elle puisse être : l’immense richesse économique, intellectuelle et humaine que nous procure la mondialisation du XXIsiècle implique aussi que nous ne soyons plus pleinement maîtres de notre destin.

Reconnaître les actions des communautés locales

Il est d’ailleurs intéressant de noter que la crise sanitaire que nous traversons n’a pas été causée par un manque de souveraineté, mais plutôt par un trop-plein. Sur le plan international, la défiance entre les Etats a fait perdre de précieuses semaines dans la lutte contre le virus. C’est la Chine, puissance souveraine s’il en est, qui a méthodiquement étouffé des informations cruciales.

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