[ad_1]
Cette décision revient à dépénaliser de facto le suicide assisté, dans un pays à forte tradition catholique.
C’était une décision de justice très attendue en Italie. Elle revient à dépénaliser de facto le suicide assisté. La Cour constitutionnelle italienne a estimé, mercredi 25 septembre, que le suicide assisté pouvait être jugé licite si des conditions strictes étaient réunies : consentement de la personne, pathologie irréversible provoquant des souffrances insoutenables et contrôle des autorités de santé publique. Dans ce pays à forte tradition catholique, cette décision reflète un bouleversement sociétal, en dépit des tentatives de l’Eglise catholique de continuer de peser sur les débats éthiques.
Dans sa sentence, la Cour a souligné que l’aide au suicide ne pouvait concerner que des patients « maintenus en vie par des traitements vitaux et atteints d’une pathologie irréversible, source de souffrances physiques et psychologiques jugées insupportables, mais pleinement en mesure de prendre des décisions libres et conscientes ». La Cour a aussi précisé que sa décision était prise « dans l’attente d’une intervention indispensable du législateur », demandant donc au Parlement de modifier la législation en vigueur.
En Italie, la décision est historique, puisque le code pénal punit en théorie « l’instigation ou l’aide au suicide » par des peines comprises entre cinq ans et douze ans de prison.
« Je voudrais pouvoir choisir de mourir sans souffrir »
La Haute Cour était saisie du cas d’un responsable du Parti radical, Marco Cappato, qui avait conduit en 2017 en Suisse un célèbre DJ italien tétraplégique pour un suicide assisté. Fabiano Antoniani, dit « DJ Fabo », grand voyageur, pilote de motocross et musicien, était resté tétraplégique et aveugle à la suite d’un accident de la route en 2014. « Je me sens dans une cage. Je voudrais pouvoir choisir de mourir sans souffrir », avait écrit DJ Fabo au président italien, Sergio Mattarella, avant de demander à M. Cappato de le conduire en Suisse à l’âge de 40 ans. Ce dernier s’était autodénoncé à la justice afin de susciter un débat et dénoncer une démarche accessible uniquement aux Italiens qui en ont les moyens physiques et financiers.
La cour d’assises de Milan, saisie de la procédure contre Marco Cappato, avait demandé à la Cour constitutionnelle des éclaircissements sur le droit en vigueur. La Cour ne s’était pas directement prononcée, donnant un an, en octobre 2018, au Parlement pour légiférer. Les parlementaires n’ayant pas statué, la Cour s’est réunie pour une audience mardi, avant d’annoncer sa décision mercredi.
« A partir d’aujourd’hui, nous sommes tous plus libres, y compris ceux qui ne sont pas d’accord » avec l’euthanasie, s’est félicité M. Cappato sur Facebook, évoquant une « victoire de la désobéissance civile ». « Pour moi aider DJ Fabo était un devoir, la Cour a établi que c’était son droit », a-t-il ajouté.
Pour l’Eglise, c’est un non catégorique
Pour Cristina Papa, professeure universitaire d’anthropologie culturelle à Pérouse, la décision de la Cour constitutionnelle est en phase avec une société italienne qui s’est sécularisée et éloignée des préceptes éthiques de l’Eglise. « L’idée que la souffrance est une façon de se rapprocher de Dieu et une chose positive n’est plus répandue », explique l’universitaire à l’Agence France-Presse (AFP). « La présence institutionnelle de l’Eglise a reculé, tout comme son influence sur la politique italienne », souligne l’experte, qui évoque la disparition de la Démocratie chrétienne, parti dominant jusqu’à la fin des années 80.
« La sentence de la Cour obligera nécessairement le Parlement à légiférer », estime Mme Papa. Même si dans les faits, beaucoup de médecins italiens pratiquent déjà discrètement la suspension des traitements en cas de maladie irréversible, avec l’aval des proches. Selon l’association italienne Coscioni, plus de 800 Italiens se sont identifiés sur son portail « SOS Euthanasie », en se disant prêts à recourir au suicide assisté.
Pour l’Eglise, en revanche, c’est un non catégorique. Le cardinal italien Giovanni Angelo Becciu a évoqué un « risque de disséminer la culture de la mort ». Pour l’archevêque Bruno Forte, « l’absence de référence claire à l’objection de conscience pourrait être interprétée comme une obligation » en matière de suicide assisté. D’un point de vue chrétien, rappelle-t-il, « c’est inacceptable : la vie est un don de Dieu et aucun d’entre nous n’a le droit de l’enlever ou d’aider d’autres à le faire ». Le pape François avait condamné vendredi dernier le suicide assisté, demandant de « repousser la tentation favorisée aussi par des changements législatifs d’utiliser la médecine pour satisfaire une possible volonté de mort du malade ».
Au moins 4 000 médecins catholiques seraient prêts à avancer l’objection de conscience face à « une dérive vers l’euthanasie et à une violation de notre code déontologique », selon le président de la puissante Association des médecins catholiques italiens (AMCI), Filippo Boscia.
[ad_2]
Source link
Have something to say? Leave a comment: