la chute de la maison Morales

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Par et avec Angeline Montoya

Publié aujourd’hui à 14h19, mis à jour à 15h40

La démission du président Evo Morales, le 10 novembre 2019, a provoqué une onde de choc qui allait se propager au-delà de la Bolivie, dans tout le sous-continent sud-américain. Qui aurait pu prédire que cette figure charismatique, premier chef d’Etat amérindien plusieurs fois réélu haut la main, symbole d’émancipation pour les gauches du monde entier, allait tomber d’aussi haut, aussi vite ? A La Paz et dans d’autres villes en proie à la contestation, l’opposition fut prise de court. Au sein même du cabinet présidentiel, ce fut la surprise : « Ce n’était pas dans sa personnalité de renoncer, mais il était face à une conjoncture inédite », confie un proche de l’icône déchue. Ce dernier scrutin, aux résultats contestés, a plongé le pays au bord de la guerre civile.

Dans son ultime allocution télévisée, M. Morales déclare se retirer « pour préserver la paix ». « Nous laissons une Bolivie digne, avec une identité et de nombreuses conquêtes sociales universelles. » Ainsi s’achève l’ère Morales – près de quatorze ans au pouvoir –, qui avait pourtant hissé la Bolivie au rang des Etats du sous-continent les plus stables politiquement et économiquement. Sa chute fracassante a porté un coup supplémentaire aux gauches latino-américaines après les départs de Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015) en Argentine, de Dilma Rousseff (2011-2016) au Brésil, de Rafael Correa (2007-2017) en Equateur ou de Michelle Bachelet (2014-2018) au Chili.

Supporteurs de l’ex-président Evo Morales, contraint à l’exil, lors d’une manifestation réprimée par la police, à La Paz, le 15 novembre 2019.

Partie de billard

Le périple de l’ex-président vers le Mexique, qui lui a accordé l’asile, s’apparente alors, selon les mots du ministre des affaires étrangères mexicain Marcelo Ebrard, à « un voyage dans la politique latino-américaine », voire à une partie de billard, au cours de laquelle les derniers leaders de gauche – le Mexicain Andres Manuel Lopez Obrador (dit « AMLO »), soutenu par l’Argentin Alberto Fernandez – négocient à tour de bras, notamment avec les diplomates brésiliens et avec Lima, pour extirper l’ancien héros, dont la vie serait menacée, de sa terre natale.

Lire aussi L’odyssée chaotique d’Evo Morales pour s’exiler au Mexique, révélatrice des tensions latino-américaines

Entre espoirs et désillusions, luttes de pouvoir et tentatives de déstabilisation, un entrelacs d’éléments a mené à cette issue que nul n’avait envisagée. Le parti de Morales, le Mouvement pour le socialisme (MAS), aux allures de forteresse hégémonique, a perdu les rênes du pays en quelques jours. Alors qu’il est contraint de fuir, Evo Morales a peut-être en tête les mots que prononça, avant d’être exécuté pour s’être soulevé contre l’occupation espagnole au XVIIIe siècle, le chef rebelle aymara Tupac Katari : « Je reviendrai et nous serons des millions. » Cette formule, Morales l’avait faite sienne comme on annonce la réalisation d’une prophétie, lors de sa première victoire électorale, quatorze années plus tôt.

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