« La Chine veut modifier l’ordre mondial à son avantage »

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L’influence croissante de Pékin dans les institutions internationales lui permet de neutraliser toute critique sur les droits de l’homme et d’installer des normes, forums ou tribunaux reconnus par tous, estime le sinologue.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 12h39

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Sinologue et chef du département des études internationales à l’Université Baptiste à Hongkong, Jean-Pierre Cabestan est l’auteur de « La Politique internationale de la Chine » (Les Presses Sciences Po., 2010) et de « Demain la Chine, démocratie ou dictature ? » (Gallimard, 2018).

Jean-Pierre Cabestan en 2014.
Jean-Pierre Cabestan en 2014.

Les événements de Tiananmen, en 1989, ont-ils été déterminants dans la stratégie de la Chine vis-à-vis de l’ONU et des institutions internationales ?

Après 1989, les pays occidentaux ont pour la plupart suspendu les contacts à un haut niveau avec la Chine. Pour sortir de cet isolement et retrouver une forme d’influence internationale, elle a choisi d’utiliser les grandes institutions internationales. La Chine ne partait pas de zéro : elle était entrée à l’ONU en 1971, évinçant la République de Chine (Taïwan), et, à la fin des années 1970, elle a adhéré à des traités internationaux – convention contre la torture, par exemple – et certains accords relatifs au désarmement.

Après Tiananmen, la priorité était de parer à toute résolution de la Commission des droits de l’homme de l’ONU condamnant la Chine (ce qu’elle a évité de justesse en 1993-1994). Elle est toujours parvenue à déjouer ces projets grâce au soutien ou à la neutralité de pays africains, asiatiques, latino-américains, et de l’ex-camp soviétique. En fait, les pays occidentaux ont fini par se démobiliser et, deux ans après Tiananmen, ont renoué à haut niveau. En octobre 1991, une mission des droits de l’homme était proposée par le ministre des affaires étrangères français de l’époque, Roland Dumas, en échange du rétablissement de ces relations. La Chine a accepté, tout en continuant de promouvoir sa conception soviétique des droits de l’homme, selon laquelle les droits économiques et sociaux passent avant les droits civils et politiques. La seule sanction occidentale qui perdure à ce jour est l’embargo sur les armes de juin 1989.

Lire le récit : La Chine à l’assaut des Nations unies

La Chine a aussi pris soin de participer davantage aux mécanismes onusiens. En 1992, elle a ainsi envoyé des policiers lors de l’opération de maintien de la paix au Cambodge. C’était une première ! En 1997, elle a signé le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ratifié en 2001 – avec une exemption sur le droit syndical. A la suite de la visite de Bill Clinton à Pékin, en 1998, elle a signé le Pacte relatif aux droits civils et politiques – mais ne l’a jamais ratifié. En tout cas, elle met en avant cette volonté d’intégration dans les arènes internationales, pour y apparaître comme un membre actif, coopératif et responsable.

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