La Chine fait du masque une arme géopolitique

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A l’aéroport international de Pékin, le 6 mars.
A l’aéroport international de Pékin, le 6 mars. Mark Schiefelbein / AP

Foyer principal de l’épidémie due au coronavirus, la Chine démultiplie ses capacités de production de masques. Malgré les pénuries, elle met désormais un point d’honneur à en redistribuer à travers le monde – au côté souvent de matériel médical et de kits de test du virus. L’Iran, qui avait puisé dans ses stocks pour envoyer un million de masques en Chine début février au point d’en manquer très vite, en a reçu 250 000 de Pékin fin février. La Corée du Sud et le Japon, qui en ont fourni plusieurs millions, en ont reçu en retour des centaines de milliers récemment.

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Outre les donations gouvernementales chinoises, les patrons du privé sont appelés à la rescousse : Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, a annoncé lundi 2 mars une donation d’un million de masques au Japon et à l’Iran. La presse chinoise a rapporté début mars la distribution, fin février, de masques gratuits dans la rue à Nagoya, au Japon, par des étudiants chinois présents dans le pays dans le cadre d’un échange universitaire.

Indignée

Voici le temps de la « diplomatie du masque », devenu un signe de « good will » (bonne volonté), d’abord en Asie puis dans le reste du monde, après les fortes tensions géopolitiques générées par la propagation du coronavirus. Séoul était en plein réchauffement avec la Chine quand le Covid-19 a frappé – ce qui explique que la Corée n’ait pas imposé de quarantaine aux voyageurs venant de Chine – tout comme le Japon, qui devait accueillir Xi Jinping fin avril pour la première visite d’Etat d’un président chinois depuis 2008 après des années d’animosité. Le voyage a été repoussé.

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Dans les premières semaines de l’épidémie, la Chine s’était indignée de voir certains pays, notamment les Etats-Unis, fermer leurs frontières ou stigmatiser ses ressortissants – jusque des pays « amis » comme la Russie – tout en couvrant de louange les alliés les plus fidèles, comme le Cambodge. « Quand une idéologie, une personne détenant des secrets comme Snowden, un nuage radioactif ou des migrants traversent une frontière entre deux pays, et ce faisant, provoque des conséquences sur les rapports de pouvoir de part et d’autre, on est face à un facteur géopolitique. C’est le cas du virus, et il entraîne une géopolitique du masque », souligne, depuis Taipei, le sinologue Stéphane Corcuff, de Sciences-Po Lyon.

Les masques sont d’autant plus symboliques pour Pékin que Peter Navarro, le conseiller pour le commerce de Donald Trump connu pour son hostilité à la Chine, en a fait fin février un enjeu stratégique de la bataille pour la « relocalisation » des industries parties en Chine : Pékin a « placé des restrictions à l’exportation des masques N95 [la meilleure qualité] » fabriqués en Chine de la société américaine 3M « pour que nous n’en recevions pas, elle a nationalisé nos usines » avait-il déclaré le 26 février sur Fox News, annonçant le projet de construire de nouvelles lignes de production de masques aux Etats-Unis. Dans un communiqué publié le 5 mars, le ministère du commerce chinois a déclaré « n’avoir jamais placé aucune restriction » à l’exportation de masques fabriqués en Chine.

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