La CEDH condamne lourdement la Russie dans l’affaire Magnitski

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L’affaire Sergueï Magnitski, du nom du juriste russe mort en prison en 2009 après avoir dénoncé un scandale de corruption, avait déchaîné une tempête diplomatique entre Moscou et Washington.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 13h39

Temps de Lecture 3 min.

Photo de l’avocat russe Sergei Magnitsky publiée le 15 novembre 2010 par Hermitage Capital Management et prise le 29 décembre 2006 à Moscou.
Photo de l’avocat russe Sergei Magnitsky publiée le 15 novembre 2010 par Hermitage Capital Management et prise le 29 décembre 2006 à Moscou. HO / AFP

La Russie a été lourdement condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), mardi 27 août, dans l’affaire Sergueï Magnitski, un juriste mort en prison après avoir dénoncé un scandale de corruption, puis jugé à titre posthume – une affaire qui avait déclenché une tempête diplomatique entre Moscou et Washington.

Mauvais traitements, absence de soins médicaux adéquats, enquête incomplète sur les circonstances du décès, durée de détention provisoire excessive, condamnation posthume « intrinsèquement inadéquate »…, la CEDH reproche aux autorités russes de multiples violations des droits fondamentaux dans ce dossier.

Les juges strasbourgeois ont estimé que M. Magnitski avait été victime de mauvais traitements quelques heures avant sa mort et que la décision prise en mars 2013 par les autorités russes de classer sans suite l’enquête sur son décès était « superficielle ».

En juillet 2013, Sergueï Magnitski avait été reconnu coupable à titre posthume d’évasion fiscale, lors d’un procès boycotté par sa famille. Sur ce point, la Cour souligne que « le procès d’une personne morte méconnaît manifestement les principes [du droit à un procès équitable] ».

La CEDH avait été saisie par Sergueï Magnitski lui-même puis, après son décès, par son épouse et sa mère.

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Coups et privation de soins

Le juriste travaillait pour le service fiscal d’un cabinet d’avocats de Moscou qui comptait parmi ses clients le plus gros fonds d’investissement étranger en Russie, Hermitage Capital, dirigé par un Américain.

En 2008, M. Magnitski avait été arrêté après avoir dénoncé une machination financière de 5,4 milliards de roubles (130 millions d’euros) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de l’Etat russe et de Hermitage Capital.

Mort en détention provisoire à l’âge de 37 ans, en novembre 2009, il avait, selon les services pénitentiaires russes, succombé à un malaise, mais une enquête du Conseil consultatif pour les droits de l’homme auprès du Kremlin a conclu en 2011 qu’il avait été victime de coups et privé de soins. Aucune poursuite pénale n’a cependant été engagée à la suite de cette enquête.

La Cour a condamné la Russie à verser 34 000 euros à l’épouse et à la mère de M. Magnitski pour dommage moral, une somme importante au regard de celles qui sont habituellement octroyées par cette juridiction. Alors que les deux femmes accusaient également les autorités russes de détention arbitraire, la CEDH ne les a pas suivies sur ce point, mais a condamné la Russie pour un maintien excessif en détention provisoire.

« La Cour européenne a jugé manifestement infondée la plainte portant sur une détention arbitraire de M. Magnitski, reconnaissant que son arrestation et son placement en détention étaient parfaitement conformes à la Convention », a relevé le ministère russe de la justice, dans un communiqué cité par les agences de presse russes.

Un « climat d’impunité généralisé »

Pour Hugues de Suremain, coordinateur juridique du Réseau européen de contentieux pénitentiaire, une association de défense des droits des détenus, il s’agit d’une « condamnation accablante pour les autorités russes », qui démontre « un climat d’impunité généralisé ». « Cette affaire montre combien la tentative de réforme qui avait été impulsée à la fin des années 2000 par [Dmitri] Medvedev [alors président de la Russie] pour rompre avec l’héritage du goulag a échoué », laissant la place à un « serrage de vis », estime-t-il.

Il souligne que l’arrêt Magnitski vient mettre à nouveau la pression sur les autorités russes au moment où doit se décider le sort d’un mécanisme national de prévention de la torture dans les prisons, mis en place en 2008, puis vidé de sa substance par l’éviction de tous les défenseurs des droits humains qui y participaient.

Tentaculaire, l’affaire Magnitski a conduit à l’adoption de « lois Magnitski » qui restreignent la liberté de mouvement et gèlent les avoirs des personnes accusées d’enfreindre les droits humains aux Etats-Unis, mais aussi en Grande-Bretagne, au Canada et dans les trois républiques baltes.

La Russie avait riposté avec l’adoption d’une loi dressant une liste d’Américains et d’autres étrangers indésirables sur son territoire, interdisant aussi l’adoption d’enfants russes par des Américains.

Membre depuis 1996 du Conseil de l’Europe, la Russie n’a exécuté pleinement que 38 % des arrêts de la CEDH prononcés à son encontre, selon des chiffres communiqués au printemps dernier par un forum d’ONG russe de défense des droits humains.

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