« La bataille de Huawei devait être technologique et commerciale, elle est devenue géopolitique »

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Il a osé. Face au dilemme cornélien posé par le géant chinois Huawei qui l’amenait à choisir, à la veille du Brexit, entre la loyauté au grand frère américain et les intérêts de son propre pays, Boris Johnson a trouvé la parade : le premier ministre britannique a opté, mardi 28 janvier, pour un accès limité de Huawei aux infrastructures les moins sensibles dans le domaine de la 5G. Londres ne cède donc pas aux injonctions de Donald Trump, qui souhaitait une interdiction totale de l’équipementier chinois, mais ne néglige pas pour autant l’impératif de sécurité.

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Sage solution – c’est d’ailleurs celle qu’avait choisie la prédécesseure de Boris Johnson, Theresa May, en avril 2019. Mais depuis, la tension est nettement montée. La bataille de Huawei devait être technologique et commerciale ; elle est devenue géopolitique. Elle épouse aujourd’hui tous les contours de l’affrontement auquel se livrent les deux grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine. Elle plonge dans toutes les lignes de fracture que cet affrontement a dessinées dans le reste du monde. Huawei est devenu le symbole d’un fascinant duel pour la suprématie technologique, qui permettra à celui qui l’emporte de dominer le monde du XXIe siècle.

Des milliards de dollars de subventions

En toile de fond, il y a le développement de la 5G, nouvelle architecture des réseaux mobiles de cinquième génération, qui représente un saut technologique capital. Huawei, entreprise fondée par un ancien officier de l’Armée populaire de Chine, devenue l’un des fleurons de l’industrie des télécommunications après avoir bénéficié, selon les calculs du Wall Street Journal, de 75 milliards de dollars (68 milliards d’euros) en subventions, facilités de crédit et autres exemptions fiscales de la part de l’Etat chinois, est l’entreprise la mieux placée pour équiper cette avancée technologique : son offre est très compétitive, techniquement et économiquement. Mais de lourds soupçons pèsent, dans les démocraties occidentales, sur ses liens avec les services de renseignement chinois et la menace pour leur sécurité que ferait peser la présence de Huawei dans les parties les plus sensibles des réseaux 5G.

Là où le bât blesse, c’est que les Etats-Unis, qui l’ont interdite chez eux, n’ont pas d’offre alternative nationale. Trois équipementiers non-chinois sont bien présents sur le créneau – les scandinaves Ericsson et Nokia, et le sud-coréen Samsung – mais sur ce coup-là, la glorieuse industrie high-tech américaine est restée à quai. Voilà donc, déjà, un premier signe révélateur de l’évolution de la compétition sino-américaine : sur la 5G, les Etats-Unis se sont laissés distancer par la Chine. La proportion du PIB américain investie dans la recherche est à son plus bas niveau depuis les années 1950. Ebranlés, des sénateurs américains viennent de déposer un projet de loi visant à financer, à hauteur d’1,2 milliard de dollars, des entreprises développant des technologies 5G et les équipements sécurisés nécessaires.

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