« Jules César » Mussolini, la farce tranquille de Fratelli d’Italia

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Dans la comédie la plus lourdingue, le trait aurait sans doute été jugé un peu trop appuyé. Mais pour une grande partie de l’opinion publique italienne, vu l’état actuel de décomposition du système politique, cet épisode est plutôt apparu comme une énième péripétie de campagne. Pour les élections européennes du 26 mai, les postfascistes de Fratelli d’Italia auront pour candidat, dans la circonscription du sud de l’Italie, un certain Caio Giulio Cesare Mussolini, devenu en quelques jours une véritable célébrité.

Passé un moment d’incrédulité – accoler le nom du plus grand homme politique de la République romaine finissante à un descendant direct du père du fascisme, c’est presque trop beau pour être vrai –, on a vite appris que cet homme de 50 ans, nouveau venu du paysage politique italien, existe bel et bien, et que si on n’en avait jamais entendu parler plus tôt, c’est parce qu’il avait passé la plus grande partie de sa vie loin de l’Italie.

Giulio Cesare Mussolini se décrit avant tout comme un homme venu du privé, désigné « grâce à ses compétences », « patriote » mais pas du tout fasciste, et victime d’un état civil « difficile à porter ».

Né en Argentine, Caio Giulio Cesare Mussolini, arrière-petit-fils du Duce, a passé sa jeunesse entre l’Italie et le Venezuela. Puis, il s’est engagé dans la marine italienne comme sous-marinier avant de rejoindre une filiale du groupe d’armement Finmeccanica en tant que manager (il est actuellement en poste à Dubaï). Autant dire que jusqu’à présent, malgré cet état civil encombrant, il avait tâché de se faire discret.

Petit-fils de Vittorio Mussolini (1916-1997, le deuxième fils du Duce), qui, en 1945, avait fui en Argentine pour échapper à la justice, Caio Giulio Cesare n’a jamais manifesté la moindre volonté de se mettre en avant, contrairement à sa cousine, par exemple, la parlementaire Alessandra Mussolini, qui s’était distinguée comme actrice, mannequin et chanteuse avant d’entrer en politique.

Son père, Guido, s’était bien présenté aux municipales de Rome en 2001, mais c’était dans les rangs d’un groupuscule néofasciste – Forza Nuova –, et son résultat avait été plus que confidentiel. Non, Giulio Cesare Mussolini se décrit avant tout comme un homme venu du privé, désigné « grâce à ses compétences », « patriote » mais pas du tout fasciste, et victime d’un état civil « difficile à porter ».

Allusions et sous-entendus

Pourtant, malgré les dénégations, force est de constater que la campagne organisée par Fratelli d’Italia autour de Caio Giulio Cesare Mussolini fait plus qu’entretenir l’ambiguïté. Officialisée par une photo prise sur les marches du Palazzo della Civiltà (bâtiment emblématique de l’architecture fasciste), l’entrée en politique de l’arrière-petit-fils du Duce s’est accompagnée dès le début d’une série de clins d’œil très explicites. Ce jeu d’allusions et de sous-entendus est un des grands classiques des mouvements d’extrême droite, depuis la fin de la seconde guerre mondiale et la création par d’anciens cadres fascistes du Mouvement social italien (MSI), devenu au fil des décennies Alliance nationale, puis Fratelli d’Italia.

En théorie interdite par la loi, l’apologie du fascisme est en réalité largement tolérée dès lors qu’elle n’est pas trop explicite. Marginalisée par la poussée spectaculaire du ministre de l’intérieur et dirigeant de la Ligue, Matteo Salvini, qui occupe tout l’espace en défendant au pouvoir un programme qu’elle ne renierait pas, la dirigeante de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, a donc trouvé, pour exister dans la campagne européenne, un subterfuge : mettre en avant le nom de Mussolini, comme pour rappeler que le père de l’extrême droite en Italie ne s’appelle pas Salvini.

Jérôme Gautheret (Rome, correspondant)



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