Jours de haine au Royaume-Uni

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Europe : la démocratie en crise 4|6. L’assassinat de la députée travailliste Jo Cox, le 16 juin 2016, a marqué l’irruption de la violence dans la vie politique britannique. Trois ans après le vote sur le Brexit, l’extrême droite ne cesse de progresser en attisant l’intolérance et l’exaspération.

Ni fleurs ni couronne. Ni quoi que ce soit. On a beau chercher, aucune plaque, aucun monument n’indique ce qui s’est passé à Birstall dans la matinée du 16 juin 2016. Le petit village, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Leeds, dans le nord de l’Angleterre, préfère rester dans l’histoire comme le lieu de naissance de Joseph Priestley (1733-1804), découvreur de l’oxygène, et non pas comme celui de l’assassinat de Jo Cox, députée travailliste anti-Brexit, par un sympathisant de la nébuleuse de l’extrême droite néonazie et suprémaciste blanche. Même la bibliothèque municipale, devant laquelle la jeune députée travailliste a été tuée de trois balles – deux dans la tête, une dans la poitrine – et poignardée à quinze reprises, ne porte aucune mention à sa mémoire. Le seul hommage qui est rendu est un grand coquelicot en métal, symbole des combattants tombés pendant la première guerre mondiale.

Birstall veut tourner la page, passer à autre chose. Les habitants interrogés détournent la tête avec une moue de dégoût et d’accablement. « C’est un petit village ici, raconte le propriétaire du café jouxtant la bibliothèque, qui accepte de parler car il ne vivait pas à Birstall à l’époque. Les gens ne veulent pas qu’on se souvienne d’eux pour ça. Tout le monde était horrifié. » Il s’agissait du premier assassinat politique au Royaume-Uni depuis 1979, lorsque l’IRA avait tué le député conservateur Airey Neave.

Dans la plus vieille démocratie d’Europe et sur tout le continent, le meurtre de Jo Cox a marqué un tournant : l’entrée de la violence physique dans le débat politique, la fin du tabou de l’assassinat. Quelques mois avant Jo Cox, déjà, un homme au profil similaire – chômeur de longue durée, compagnon de route de l’extrême droite, solitaire – avait tenté d’assassiner au couteau la candidate favorite à la mairie de Cologne, Henriette Reker, pour protester contre l’arrivée massive de migrants en Allemagne à l’automne 2015. En janvier 2019, ce fut le tour du maire polonais de Gdansk, Pawel Adamowicz, tué au couteau en public.

Une atmosphère d’invective

A chaque fois, il n’y a pas de consigne ou d’appel explicite au meurtre, mais une atmosphère d’invective et de diabolisation de l’adversaire politique qui finit par agir sur les esprits les plus faibles et les plus échauffés. Dans le cas de Jo Cox, la campagne pour le référendum sur le Brexit battait alors son plein. Cette dernière, qui militait contre la sortie de l’UE, était aussi une fervente défenseuse des droits des migrants et des populations immigrées. Un engagement en ligne avec sa longue carrière dans l’humanitaire, qui a précédé son entrée en politique aux élections législatives de 2015. Ecologiste, habitant à Londres sur une péniche avec son mari et ses deux enfants, elle incarnait la « parfaite bobo bien-pensante » haïe par l’extrême droite.

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