Journée mondiale de l’environnement: la jeunesse mauricienne milite pour l’écologie

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Ils veulent faire entendre leur voix et se battent corps et âme pour la préservation de la faune et la flore mauriciennes. Dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée aujourd’hui, « l’express» a rencontré dix jeunes Mauriciens dévoués à cette cause.

Ashmi Yogishah Bunsy a 24 ans. Elle est éducatrice pour l’ONG Ecosystem Restoration Alliance Indian Ocean. À travers l’organisation, elle éduque les gens sur l’importance de la

chauve-souris au sein de l’écosystème local. La jeune femme travaille aussi sur des méthodes visant à réduire les dégâts causés par ces mammifères. Pourquoi ce combat ? «En tant que jeune, je me sens très concernée par la vulnérabilité de notre faune et de notre flore. Notre pays, à travers les îles de l’océan Indien, figure parmi les 36 ‘biodiversity hotspots’ du monde, qui ont un écosystème menacé par l’intervention humaine. Nous sommes parmi les pays ayant le plus haut niveau d’extinction des espèces. C’est pour cela que j’essaie de préserver une île Maurice verte pour les générations futures.»

Oliver Thomas est un jeune entrepreneur de 26 ans. La protection de l’environnement est un sujet qui lui tient à coeur. Son ennemi ? Le plastique. C’est pour cette raison qu’il a développé et lancé la fabrication de briques en plastique recyclé. «C’est l’amour pour mon pays qui m’a poussé dans cette voie. Je voudrais laisser un impact positif et concret sur mon île. Beaucoup d’entre nous, jeunes, voulons être avocat, médecin, comptable, etc. Mais ce marché professionnel est saturé. Il y a plein d’opportunités à Maurice et ailleurs dans le développement durable.»

Sherman Agathe a 23 ans. Membre du groupe Projet de société, dont un des buts déclarés est le reboisement de notre île, le jeune homme contribue à la préservation et à la conservation des plantes et des animaux endémiques. «Ces espèces sont importantes pour notre biodiversité et risquent de disparaître en raison de la construction sauvage et de la pollution, entre autres. D’ailleurs, récemment il a été conclu que des plantes endémiques pourraient aider à atténuer le cancer de l’oesophage. Il est important de conscientiser les gens car notre environnement est une richesse naturelle. Il faut le préserver et non le détruire.»

Shaama Sandooyea, membre de la première heure du mouvement Fridays for Future, a 22 ans. Son but à elle est de faire prendre conscience à la population de la gravité de la situation en ce qui concerne le changement climatique. Comment procède-t-elle ? «Tous les vendredis, quelques membres de Fridays For Future Mauritius sont à Port-Louis pour manifester et demander au gouvernement que des actions concrètes soient prises face à la crise climatique. Une fois par mois, on fait une manifestation nationale, où on est beaucoup plus. Sans environnement, nous n’avons pas de futur.»

Rachna Hurday, 23 ans, est intervenante à OGI. Celle qui aide les personnes handicapées est aussi une écolo. «Je passe aussi la plupart de mon temps à sensibiliser les jeunes à la cause environnementale, à travers le groupe Sov Lanatir. Hygiène, discipline et contrôle, je parsème mon discours écologique avec ces termes parce qu’ils décrivent le combat que je mène régulièrement pour préserver l’état environnemental de Maurice. Notre pays nous dit très clairement : ‘si pa preserv lanvironman, li pou difisil pou res an bonn sante’. Pour moi, la survie de la population dépend en grande partie sur la bonne condition de l’environnement.»

Behar Hussen Mohammed, âgé de 24 ans déteste, lui, le gaspillage. «Grand bricoleur que je suis, je ramasse les vieux appareils qui traînent le long de nos routes afin de leur redonner

une nouvelle vie. Même si un appareil électroménager ne marche plus, il se peut que certaines de ses pièces fonctionnent toujours. Je les collecte et j’en fabrique d’autres objets. J’aime bricoler, oui, mais par-dessus tout, j’évite le gaspillage et la pollution. Je ne peux compter, hélas, le nombre d’appareils électroniques qui traînent dans les quatre coins du pays…»

Krishna Pentayah a 21 ans. Le jeune homme est activiste, artiste et ambassadeur du groupe Sov Lanatir. Il considère la nature comme étant un de ses amis proches. D’ailleurs, c’est la particularité de son combat. Il se fond dans la nature, il se perd dedans et oublie la civilisation. «Kan to vinn enn avek lanatir, to santi so soufrans, to rant dan enn trans depresif ek to dir to bizin fer kitsoz pou sov li. Ma passion pour ce projet et cette cause me vient de la sensibilité et la connexion que j’ai avec Mère nature. Je fais de mon mieux pour la protéger et pour l’intégrer au maximum à ma vie.»

Hetisha Gungah , 20 ans, journaliste à l’express, dit adopter de son côté une approche générale à la conservation de l’environnement. «Il faut commencer par prendre soin des endroits qui nous entourent avant tout. Cela aidera progressivement à garder propre notre île entière. Mon expérience journalistique m’a appris que le changement doit commencer dans la mentalité des gens, dans leur propre environnement, avant de voir ailleurs. Abide by the laws whenever the government introduces new legal framework to protect our environment. C’est une lutte qui est aussi liée à la politique et afin de constater des progrès, il faut que nous respections les lois.»

Annis Rostom, 29 ans, banquier, éducateur et membre de l’ONG Jeunes étudiants musulmans. «Je suis très ‘nature’ comme personne. J’adore faire des randonnées et passer du temps entouré de la flore. Une culture ‘clean’ s’impose à tout prix et avec mon ONG, nous entamons des campagnes de sensibilisation visant à éduquer les jeunes, afin de les initier à cette culture. Nous cherchons aussi l’aide du gouvernement, afin d’inclure des systèmes de recyclage un peu partout dans notre île. Face à l’urgence de la situation, c’est notre devoir de contribuer quotidiennement à la protection de l’environnement.»

Nitin Baboa a, lui, 27 ans. Activiste et ambassadeur de l’association Eco Marine, le jeune homme milite ardemment pour la protection de l’environnement. «Nous dirigeons nos efforts vers les personnes plus âgées, nous les sensibilisons à la protection de l’environnement, notamment à la préservation et la conservation de l’écosystème. Ma campagne est comme un combat ayant une touche familiale. Il faut inculquer le respect de l’environnement à tout le monde, tout comme on inculque le respect pour notre prochain aux membres de notre famille.» Ces paroles reflètent son enthousiasme à amener un changement dans notre pays. «Par rapport à la Journée mondiale de l’environnement, je suis d’avis que nous devons la célébrer tous les jours, les 365 jours, et non seulement pendant un jour.»



Mina Jhowry : «Nous devons cesser de considérer les catastrophes comme “naturelles”»

Mina Jhowry en compagnie de son père, feu Dr Jagdish Jhowry. Credit Photo : Erik Olsson

Mina Jhowry, vous êtes née en Suède, de parents mauriciens. Racontez-nous votre parcours.

Oui, mon père est né en 1941 à Montagne-Longue, à Maurice. Il a commencé sa carrière comme professeur de mathématiques au collège Trinity. Au milieu de la vingtaine, il s’est retrouvé face à deux choix : faire ce qu’on attendait de lui, c’est-à-dire se marier et avoir des enfants, ou entreprendre son propre voyage. Comme mon père était un explorateur avec plein de questions, il a choisi de quitter l’île pour l’Europe. Après quelques années en Grande-Bretagne, il s’est rendu en Suède, où il a rencontré ma mère, qui est Suédoise, et a poursuivi ses études en mathématiques et en physique.

Plus tard, il a obtenu son doctorat en plasma physics avec l’axe de recherche de solutions futures aux crises énergétiques dans ce monde. Maurice a toujours été dans sa tête, et au cours de son travail, il était passionné par le développement durable de l’île. Il a initié différents types de projets, tant éducatifs qu’environnementaux. Mais, à plusieurs reprises, il a été déçu que le profit à court terme semble plus important que le bien-être de l’île, ainsi que de celui des générations futures. Cela l’a rendu très triste.

Alors que mon père se concentrait sur les sciences naturelles, j’ai opté pour les sciences sociales et politiques. J’ai travaillé avec des entreprises de développement international, principalement des organisations non gouvernementales, depuis plus de 15 ans. J’ai appris à aimer Maurice et ma famille aussi. Je me sens très liée aux paysages et à l’histoire de l’île. Quand j’y pense, je trouve assez étonnant la façon dont un petit garçon a voyagé de l’Inde à Maurice en 1856. Et me voilà avec ma famille et mes deux enfants qui aiment la cuisine indienne qui veulent apprendre à parler créole !

Le Dr Jagdish Jhowry, votre père, qui est décédé récemment, était un observateur averti de Maurice, et fervent défenseur de la science et de l’environnement… C’est lui qui vous a inspirée ?

Il est vrai que mon père a été une source d’inspiration. Il devient de plus en plus évident que l’environnement, la politique et les droits de l’homme ne peuvent être séparés les uns des autres. À travers mon travail, j’ai pu voir comment les conflits et le «développement non durable» sous forme d’incitations extractives, la dégradation de l’environnement et les effets du changement climatique forcent les gens à abandonner les modes de vie traditionnels et même à migrer. Nous avions l’habitude de discuter de ces choses.

«Every human must have a notion of science making him/her discover the hidden truth of nature», a dit le Dr Jagdish Jhowry. Pourquoi cette phrase est importante pour nous tous ?

Je n’ose pas faire d’interprétation, c’est quelque chose que mon père dirait.

Vous venez de participer, à Genève, au sommet de l’ONU sur la réduction des risques liés aux catastrophes naturelles. Que retenez-vous de cette importante rencontre ?

 Beaucoup de choses. J’ai beaucoup appris de gens de toutes les régions du monde sur la façon dont ils cherchent à renforcer la résilience aux catastrophes et aux risques climatiques. Mais par-dessus tout, nous devons cesser de considérer les catastrophes comme «naturelles». Voyez les impacts que nous commençons à avoir du changement climatique : des pluies irrégulières, davantage d’inondations, de graves sécheresses et une intensité accrue des cyclones, pour n’en citer que quelques-uns. C’est de fabrication humaine. Nous devons également reconnaître que les catastrophes frappent les gens très différemment.

Selon l’endroit où vous vivez, votre âge ou si vous êtes un homme ou une femme, votre vulnérabilité aux risques de catastrophes semble très différente. Nous devons nous demander pourquoi c’est le cas. Les catastrophes sont, dans une large mesure, le résultat de risques non gérés et de choix politiques. Lorsque nous comprenons cela, nous voyons que les catastrophes sont en fait des manifestations d’inégalité d’accès au pouvoir et aux droits. Certaines personnes seront plus à risque que d’autres. Cette dimension fait défaut dans les discussions, y compris dans la plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe.

Quels enseignements pour un petit pays comme Maurice face au changement climatique ?

 Il y a beaucoup d’expérience dans la gestion des catastrophes à Maurice. Les cyclones font partie de l’ADN des Mauriciens. Personnellement, je trouve très excitant de suivre le chemin des cyclones depuis la Suède. Mais je me demande aussi dans quelle mesure l’île résiste vraiment aux impacts auxquels nous devons nous attendre. On dit maintenant que l’inattendu est la nouvelle norme, et nous devons nous y préparer. Il faut s’attendre à de nouveaux «Idais» qui ont récemment frappé l’Afrique de l’Est.

«Nous voyons que les catastrophes sont en fait des manifestations d’inégalité d’accès au pouvoir et aux droits.»

Plusieurs rapports pointent du doigt l’état insalubre de Maurice et de ses plages, ainsi que la surconstruction sur le littoral. Le dossier «environnement» est important en Suède. Que pouvons-nous apprendre de vos compatriotes ?

 J’ai été vraiment surprise de voir, la dernière fois que j’y suis allée, comment les hôtels sont construits si près du bord de mer. Pendant combien de temps vont-ils rester là, compte tenu de l’érosion côtière et des cyclones qui vont frapper les côtes… C’est aussi assez déprimant de voir à quel point les grands hôtels s’emparent des longues étendues de plage. Je ne comprends pas cela.

Oui, l’environnement est un sujet assez important en Suède. Notre gouvernement investit dans le climate fund et disaster risk reduction. C’est tout sim- plement la bonne chose à faire. Et il serait décent que davantage de pays, en particulier ceux qui sont les plus responsables des émissions de CO2 , paient leur juste part aux habitants du Bangladesh et des petits États insulaires qui doivent en subir les conséquences. Je pense aussi que les Suédois sont de plus en plus conscients du fait que leur style de vie avec des vacances à l’étranger et des week-ends dans les villes n’est pas durable. La «honte climatique» est devenue une nouvelle façon d’expliquer pourquoi, par exemple, les vols intérieurs diminuent. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir.

Le changement climatique et l’environnement doivent-ils aller de pair en termes de politique gouvernementale ?

 Oui.

Et l’Afrique, qui a le moins contribué au réchauffement climatique, est-ce normal que le continent paie aujourd’hui les frais des économies développées comme les États-Unis ou la Chine ?

 Si vous demandez s’il est juste qu’un continent comme l’Afrique paie la part des émissions de CO2 causées par les États-Unis et la Chine, la réponse est non. C’est très injuste et c’est triste de voir que les politiciens des pays riches ne peuvent pas être plus ambitieux.

 Il y a une tentative d’ouvrir l’espace aérien en Afrique, est-ce une bonne chose en termes de «carbon footprint» ?

Ouvrir des allées pour plus de vols n’est bien sûr pas une bonne idée si vous prenez la menace climatique au sérieux. J’aimerais que les pays d’Afrique puissent éviter de répéter les mêmes erreurs que celles commises par les «pays développés». En Europe, nous devons à présent envisager les liaisons ferroviaires à grande vitesse comme une alternative à l’avion. Ce serait une bonne chose si l’Afrique pouvait prendre ce genre d’initiative ! Faites un saut dans le temps et offrez aux gens un voyage en train très moderne le long du Nil… C’est l’avenir des voyages, je crois.

Propos recueilli par Nad Sivaramen


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Lexpress

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