JoAnn Guidos, la madone transgenre de La Nouvelle-Orléans

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Le Kajun’s Pub, à La Nouvelle-Orléans, est le seul bar demeuré ouvert lors du passage dévastateur de l’ouragan Katrina en 2005. Armée jusqu’aux dents, sa propriétaire y recueillait les naufragés. Une héroïne flamboyante révélée à la faveur de son changement de sexe.

Par Publié aujourd’hui à 14h58, mis à jour à 15h20

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JoAnn Guidos, propriétaire du Kajun’s Pub, le 7 septembre 2019 dans son bar.
JoAnn Guidos, propriétaire du Kajun’s Pub, le 7 septembre 2019 dans son bar. Akasha Rabut pour M Le magazine du Monde

La dernière fois que JoAnn Guidos a « botté le cul » d’un importun venu rouler des mécaniques dans son établissement sis au 2256 Saint-Claude Avenue, à La Nouvelle-Orléans, remonte à quelques semaines. Le bonhomme était bourré de came et il a résisté – il n’aurait pas dû. « JoAnn lui a foutu une raclée et les flics sont venus emballer le mec », se souvient l’un des serveurs du bar. Accoudée au comptoir, la patronne du Kajun’s Pub, silhouette massive de footballeur américain contrarié moulée dans une courte robe à paillettes rouge, opine : « Exact : une vraie rouste. Mais j’ai 70 balais, je ne cogne plus aussi dur qu’avant et en prime, je crois bien que je me suis fêlé une côte. »

Le fauteur de troubles peut s’estimer heureux : il y a quatorze ans, lorsque l’ouragan Katrina a transformé La Nouvelle-Orléans en ville martyre de la dévastation et du pillage, JoAnn défendait son bien avec un fusil à pompe chargé jusqu’à la gueule et un 38 Special à canon court glissé dans la ceinture. « Et bon sang, je n’aurais pas hésité une seule seconde à tirer », dit-elle le nez plongé dans un petit verre de scotch millésimé.

29 août 2005. Un fléau de rafales venu des tropiques s’abat à plus de 200 km/h sur La Nouvelle-Orléans. Cinquante-trois digues censées protéger la ville cèdent sous la pression de vagues de onze mètres de hauteur qui se ruent sur les ouvrages d’art conçus par le génie de l’US Army. La ville est inondée à 80 %, les lits volent à travers les fenêtres brisées de l’Hôtel Hyatt, le palace de Loyola Avenue, qui ne rouvrira que six ans plus tard. L’électricité est coupée dans la majeure partie de la ville, les voies de communication sont impraticables, un tiers des effectifs de la police a abandonné son poste, livrant les rues aux pillards et aux délinquants poussés par la faim. « Des gens pauvres, noirs pour la plupart, qui n’auraient pu quitter la ville par leurs propres moyens de toute façon. Ils n’avaient nulle part où aller, ne possédaient même pas de voiture », se souvient Dan Baum, journaliste indépendant habitué des prestigieuses colonnes du New Yorker, venu couvrir les événements.

Un mariage, deux enfants

L’avenue Saint-Claude – qui prend sa source dans le quartier du même nom et déroule son bitume sur près de 2 km en traversant une partie du Lower 9th Ward, le quartier le plus misérable de La Nouvelle-Orléans – est un temps épargnée. A une demi-douzaine de blocks de la rive nord du Mississippi, elle devient la seule artère d’importance à pouvoir être empruntée par les quelques véhicules de secours encore en service.

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