« Je veux soutenir la promotion d’une version éclairée de l’islam auprès des jeunes Français musulmans »

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Tribune. Je viens des environs de Rakka, la ville qui était jusqu’à il y a peu la capitale de Daech [l’organisation Etat islamique]. Rakka, Deir ez-Zor, ce sont les villes de mon enfance. Elles étaient les points de repère pour nous, Bédouins, qui nous déplacions encore. C’est à Rakka que j’ai étudié. Et c’est sur Rakka que s’est abattue une chape de déshumanisation. Toute cette région a pratiquement cessé d’exister comme territoire humain. Elle est devenue un vaste no man’s land dans lequel des milliers de jeunes gens venus des quatre coins du monde se sont précipités pour donner libre cours à leur déchaînement de violence, sans égard pour les populations locales, comme si elles n’existaient pas, comme si elles se confondaient avec le décor, comme si l’on pouvait molester et ravager impunément. Ce qui s’est passé là-bas va au-delà de la guerre, et même des pires exactions de la guerre civile.

Voyages en sens inverse

A Rakka, dans la ville de mon adolescence, il y avait beaucoup de jeunes Français. Ils avaient fait le voyage inverse du mien. Moi, j’ai quitté la Syrie en 1970 pour la France. Pour avoir le bonheur d’étudier et d’échapper à ma condition de nomade sans famille. Eux, ils ont quitté la France à partir de 2012. Pendant une, deux, trois, puis quatre années, un flot ininterrompu de jeunes Français a rejoint la Syrie et notamment cette zone de la Djézireh, « l’île » entre deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate, le berceau de la civilisation, la Mésopotamie.

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Ils sont partis avec la volonté de se venger de leur condition. Avec l’idée que Dieu les appelait. Que le Sham (« le Nord », la Syrie dans le vocabulaire coranique) avait besoin d’eux. Ils ont tué. Dévasté. Terrorisé les populations locales mais aussi les Français : les attentats du 13 novembre 2015 ont été organisés à partir de là-bas. Dans quel but ? Instaurer la terreur, étendre le désespoir, propager le vide qui s’est créé dans ces âmes. Tuer son voisin plutôt que sauver son prochain.

Et toujours, l’islam a servi à revendiquer ces atrocités. Je ne crois pas que l’islam, comme religion ni comme culture, soit le vrai moteur de ces actes. C’est une imposture. Il y a derrière tout cela un ressentiment diffus : une haine anomique a trouvé dans le fondamentalisme religieux un support, un tremplin même, grâce aux réseaux sociaux. Les jeunes Français musulmans et leurs amis qui se convertissent croient y trouver une identité de substitution, en rupture avec celle des parents et en conflit avec les valeurs de la société française. Quelle réponse donner à cela ?

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