« Jamais les dirigeants européens n’ont autant parlé de culture, ce parent pauvre de l’UE »

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Depuis sa création, l’UE n’a mis en place que des programmes très modestes pour la culture. L’incendie de la cathédrale parisienne réveille les consciences, estime dans sa chronique Alain Salles, chef du service International du « Monde ».

Publié aujourd’hui à 09h52, mis à jour à 13h40 Temps de Lecture 4 min.

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Vue de l’intérieur de Notre-Dame, mardi 16 avril, au lendemain de l’incendie qui a frappé la cathédrale.
Vue de l’intérieur de Notre-Dame, mardi 16 avril, au lendemain de l’incendie qui a frappé la cathédrale. CHRISTOPHE PETIT TESSON/AFP

Chronique. Une certaine idée de l’Europe est-elle en train de renaître dans les cendres de Notre-Dame ? Elle était vilipendée, divisée, paralysée, en proie aux doutes, mais cette Europe terrassée par l’incendie de la cathédrale fait front, d’une seule voix. « L’Europe est blessée », s’attriste Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. C’est sans doute Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui a eu les mots les plus justes. D’abord sur Twitter, juste après le début de l’incendie, lundi 15 avril : « Notre-Dame de Paris est Notre-Dame de toute l’Europe. »

Le lendemain, au Parlement de Strasbourg, il demandait aux Etats membres de participer à la reconstruction de la cathédrale. « Ce qui est en jeu ici dépasse la simple aide matérielle, ajoutait Donald Tusk. L’incendie de la cathédrale nous rappelle que nous sommes liés par quelque chose de plus important et de plus profond que les traités. Aujourd’hui, nous en comprenons mieux l’essence. » Cet ancien premier ministre polonais a rappelé que sa ville natale, Gdansk, avait été détruite à 90 % pendant la seconde guerre mondiale. Il y a une mémoire européenne commune des monuments détruits puis reconstruits, de Dresde à Sarajevo.

Lire aussi. Notre-Dame de Paris : cinq ans pour reconstruire, mais comment ?

La peur qui a frappé le monde entier mais plus particulièrement l’Europe, c’est bien la crainte de l’effondrement d’un pan de la culture européenne, de cette « Europe des cathédrales » célébrée par l’historien Georges Duby. C’est tout une organisation de la Cité qui se met alors en place au XIIsiècle, avec une nouvelle forme de transmission des savoirs. « C’est là, auprès des maîtres et de leurs étudiants venus de toute l’Europe, que se poursuivait, soutenu par le progrès général, celui, très vif, de la science, une théologie essentiellement, mais qui voulait être l’explication totale du monde », écrivait Duby dans un article de 1991, repris dans L’Art et la Société (Gallimard « Quarto »).

Une forme de la mémoire collective

Ce n’est donc pas seulement un symbole d’une Europe chrétienne qui est pleuré ces jours-ci, mais un monument de culture et d’éducation, devenu une forme de la mémoire collective du continent (et au-delà). Les frontières qui se sont érigées ces dernières années entre l’Est et l’Ouest, entre populistes et partis traditionnels, s’effacent quelque peu, au moins le temps de ce deuil de pierres. « C’est notre héritage européen et chrétien. Il s’agit des fondations de l’Europe », a salué le premier ministre du gouvernement ultraconservateur polonais, Mateusz Morawiecki. Son homologue italien Giusepppe Conte évoque « un coup au cœur pour les Français et pour nous tous les Européens », alors que la coalition italienne multiplie les conflits avec Paris et Bruxelles. Et Vladimir Poutine verse une larme sur « un trésor inestimable de la culture européenne et mondiale ».

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