Jair Bolsonaro est parti pour durer

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Jair Bolsonaro à Brasilia, le 19 décembre 2019.
Jair Bolsonaro à Brasilia, le 19 décembre 2019. Eraldo Peres / AP

Analyse. Qu’on se le dise : après un an de mandat, de polémiques et d’esclandres quasi quotidiens, Jair Bolsonaro est fatigué ! Ainsi, son agenda transmis à la presse pour les 21, 22 et 23 décembre ne comportait aucun rendez-vous officiel. Mais cela n’a visiblement pas suffi à faire baisser la pression. La veille du réveillon de Noël, quelques jours seulement avant le 1er janvier, date anniversaire de sa prise de pouvoir, le chef de l’Etat brésilien a glissé dans sa salle de bains et s’est méchamment cogné la tête. Bilan : une nuit à l’hôpital, un petit trou de mémoire… mais aucune séquelle.

« C’est dur d’être président du Brésil », avait avoué Jair Bolsonaro à la presse, quelques jours auparavant. Il est vrai que rien au monde ne le prédestinait à occuper de telles fonctions. Fils de petits « Ritals » de la lointaine banlieue de Sao Paulo, officier subalterne exclu de l’armée et député d’extrême droite ultramarginal, moqué par ses pairs pendant trois décennies, M. Bolsonaro n’avait rien d’un homme de pouvoir. Et encore moins d’un homme d’Etat.

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La vengeance au cœur, le capitaine de réserve a donc sonné la charge contre le « système » honni, avec plus de fureur et de fracas qu’aucun autre dirigeant de la planète : mensonges en série, remarques racistes ou homophobes, blagues scatophiles et misogynes, délires complotistes, apologie de la torture et de la dictature, insultes envers les dirigeants étrangers… De quoi faire passer MM. Trump et Salvini pour de courtois gentlemen ou de gentils sociaux-démocrates.

Difficile d’imaginer que pareille tempête puisse durer jusqu’à la fin de son mandat, en 2022, voire davantage. D’autant que la politique brésilienne est pleine de surprises. Depuis l’avènement de la République, en 1889, un tiers des trente-huit présidents du pays n’ont pu aller au bout de leur mandat pour cause de maladie, suicide, renoncement, coup d’Etat, scandales divers ou destitutions plus ou moins légales.

Cercles d’influence

Et pourtant, on aurait tort, depuis l’Europe, de ne voir en ce capitaine Bolsonaro qu’un picaresque général Alcazar, produit d’une fièvre tropicale passagère, vite attrapée, vite soignée, vite oubliée. Ce serait sous-estimer le personnage et ce qu’il représente. Ce serait méconnaître la profonde crise existentielle que traverse aujourd’hui le Brésil.

Le « trublion » Bolsonaro pourrait bien être là pour durer. D’abord parce qu’il n’est plus un marginal. Par un spectaculaire tour de force, le député du « bas clergé » devenu président de la neuvième puissance mondiale est parvenu à agréger autour de lui quelques-uns des cercles d’influence les plus puissants du Brésil : Eglises évangéliques, lobbys militaires et policiers, médias conservateurs, barons de l’industrie et de l’agrobusiness, ainsi que de larges pans de la justice ou du secteur bancaire. Malgré les scandales, tous font bloc autour de leur président. Fort de ces soutiens, le pouvoir actuel est tout sauf fragile. Il se situe au point d’équilibre du deep state brésilien.

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