Istanbul, le refuge des Iraniens désabusés

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La chanteuse iranienne Sogand sur scène, au club Masquerade, à Istanbul, le 12 février.
La chanteuse iranienne Sogand sur scène, au club Masquerade, à Istanbul, le 12 février. FURKAN TEMIR POUR LE MONDE

Jupes courtes, robes pailletées et décorées de plumes, tissus brillants, décolletés plongeants, nombril percé apparent, poitrines et fessiers bombés. Dans le club Masquerade à Istanbul, les Iraniennes s’autorisent toutes les extravagances interdites par la République islamique d’Iran. Elles dansent, boivent et fument. Ce soir-là, les hommes aussi sont nombreux à exhiber fièrement leur nez refait et leurs costumes noirs brillants. En cette soirée de la mi-février, quelques jours avant que la Turquie ne ferme toutes ses frontières avec l’Iran pour se protéger du coronavirus, certains portent des bermudas, au-dessus des genoux, interdits à Téhéran.

Ces dernières années, la Turquie est devenue la destination favorite de tous les fêtards iraniens. Dans ce pays accessible sans visa, les Iraniens essaient d’oublier, l’espace de quelques soirées arrosées, les rigueurs et les malheurs qu’ils ont laissés chez eux.

Dans la salle, les bouteilles de vodka et de champagne circulent. Les fumées des chichas et des cigarettes piquent déjà les yeux, dans l’attente de Sogand, la plus grande star de la jeune génération des chanteurs iraniens. A 34 ans, Sogand vit désormais à Londres. Entre 2014 et 2018, son passeport lui a été retiré par les autorités iraniennes pour la punir de ses activités musicales et pour ses photos dans les soirées iraniennes, peu aux goûts de la République islamique.

« Je ne voterai plus jamais »

Mahmoud est venu de Téhéran spécialement pour le concert. Malgré quelques appréhensions initiales. « C’est mon deuxième voyage en Turquie. Mais cette fois-ci, j’avais peur de prendre l’avion », explique ce jeune homme frêle, en criant dans la musique assourdissante. Le 8 janvier, un Boeing d’une ligne aérienne ukrainienne a été abattu « par erreur » près de Téhéran par les gardiens de la révolution. Les 176 victimes de cette catastrophe, en majorité iraniens, hantent même ceux qui sont venus faire la fête à Istanbul.

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Mahmoud se souvient. Il était allé manifester devant l’université Amir Kabir avec des milliers d’autres Téhéranais, quand les gardiens ont reconnu leur responsabilité, après trois jours de démenti et de mensonges. Ce soir-là, la police avait utilisé la force pour disperser la foule. « La République islamique était responsable du crash. Mais elle l’a très mal géré, en mentant et après en réprimant les manifestations. Je suis en colère. Je ne voterai plus jamais, même si j’ai voté en 2017 pour [le président modéré] Hassan Rohani. Désormais, je suis contre tout ce système », explique le jeune homme qui a décidé de ne pas voter lors des élections législatives, le 21 février, alors qu’il avait soutenu le président Hassan Rohani. Il se sent en sécurité en Turquie et ne mâche pas ses mots.

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