Israël-Palestine, des deux côtés de la barrière

0
110

[ad_1]

Pan de mur au poste-frontière de Kalandia, entre Ramallah et Jérusalem, 2019.
Pan de mur au poste-frontière de Kalandia, entre Ramallah et Jérusalem, 2019. Harley Weir

Elle serpente entre les vertes plaines, les collines calcaires, et longe certaines villes de Cisjordanie. Construite à partir de 2002, en pleine seconde Intifada (2000-2006), la barrière séparant Israël des territoires palestiniens s’étend sur 712 kilomètres dont 20 % restent à construire. Son important dispositif sécuritaire en fait une frontière franchissable sous certaines conditions. La photographe britannique Harley Weir lui a consacré une série de photographies dans lesquelles elle montre le mur dans sa matérialité brute. Intitulé « Walls », son reportage, issu de plusieurs séjours en Israël et en Cisjordanie, est exposé à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 12 janvier.

Reconnue pour ses travaux audacieux dans la photographie de mode, Harley Weir a nourri sa réflexion autour du mur en l’appréhendant comme une frontière à la fois physique et symbolique. « Lorsque je l’ai vu pour la première fois, en 2012, ce fut un choc, raconte-t-elle. Cela m’a changée radicalement. J’ai réalisé combien quelque chose de concret peut diviser, séparer. »

« On me disait que ce n’était pas mon terrain, puisque je faisais de la mode. À présent, je sens que c’est important de partager mes photos. »

Clôture métallique, parfois mur haut de huit mètres, la « barrière de séparation » est nécessairement un sujet clivant. Israël justifie son édification pour des raisons sécuritaires, alors que les Palestiniens dénoncent un « mur d’apartheid » qui les empêche de circuler librement ou d’accéder à leurs terres, mine leur économie et compromet l’existence d’un État palestinien indépendant. La barrière suit partiellement le tracé de la « ligne verte » (la ligne d’armistice de 1949) mais en pénétrant profondément à l’intérieur de la Cisjordanie pour intégrer des colonies israéliennes, préparant, selon certains analystes, sa future annexion. Pour autant, Harley Weir défend une démarche « non partisane », proche du reportage. Elle a d’abord hésité à montrer ce travail. « On me disait que ce n’était pas mon terrain, puisque je faisais de la mode, explique-t-elle. À présent, je sens que c’est important de partager mes photos. »

« Les images ne sont pas retouchées. J’ai travaillé en couleurs pour montrer les choses telles qu’elles sont. La lumière est incroyable là-bas ; elle suffit à révéler les personnes et les choses. »

Dans ses paysages presque inertes, dépeuplés, le mur s’impose comme une réalité irréductible, à l’origine de deux espaces distincts. L’observateur posté d’un côté du mur envisage l’autre pan comme un au-delà inaccessible, voire invisible. Harley Weir s’est rendue des deux côtés de la barrière, en Israël et en Cisjordanie. Ses plans rapprochés en révèlent aussi le détail, et peut-être l’absurdité : « Je travaille les bâtiments ou les objets comme des personnes. Je peux, par exemple, traiter le mur de béton comme une peau », poursuit-elle.

La photographe a fait le choix d’une lumière crue et de couleurs franches, lesquelles accentuent les traits des visages ainsi que les contradictions du paysage. « Les images ne sont pas retouchées, confie-t-elle. J’ai travaillé en couleurs pour montrer les choses telles qu’elles sont. La lumière est incroyable là-bas ; elle suffit à révéler les personnes et les choses. Un traitement en noir et blanc aurait établi une distance esthétique. Or je voulais qu’on puisse se connecter à la réalité du mur. »

Présenté comme temporaire lors de sa construction, le mur n’est pas près de tomber. Tandis que le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens est au point mort depuis 2014 et que la colonisation israélienne progresse en Cisjordanie avec le soutien tacite de l’administration américaine de Donald Trump, l’idée de sa présence s’est normalisée dans les esprits. Comme s’il faisait définitivement partie du paysage.

Le mur de séparation, vu depuis Jérusalem-Est, 2013.
Le mur de séparation, vu depuis Jérusalem-Est, 2013. Harley Weir
Un travailleur palestinien, 2013.
Un travailleur palestinien, 2013. Harley Weir
Devant une maison, Jérusalem-Est, 2013.
Devant une maison, Jérusalem-Est, 2013. Harley Weir
Scène de marché, Jérusalem-Est, 2019.
Scène de marché, Jérusalem-Est, 2019. Harley Weir
Enfant juif, Jérusalem-Est, 2013.
Enfant juif, Jérusalem-Est, 2013. Harley Weir
Aux abords du mur, Jérusalem-Est, 2017.
Aux abords du mur, Jérusalem-Est, 2017. Harley Weir
Camp de bergers bédouins, Jérusalem-Est, 2019.
Camp de bergers bédouins, Jérusalem-Est, 2019. Harley Weir pour M Le magazine du Monde

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: