Investi président, le péroniste Alberto Fernandez promet de redresser l’Argentine

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Le nouveau président argentin Alberto Fernandez et sa vice-présidente Cristina Fernandez de Kirchner lors de sa cérémonie d’inauguration au Congrès de Buenos Aires, le 10 décembre.
Le nouveau président argentin Alberto Fernandez et sa vice-présidente Cristina Fernandez de Kirchner lors de sa cérémonie d’inauguration au Congrès de Buenos Aires, le 10 décembre. JUAN CARLOS CARDENAS / AFP

Bravant la chaleur étouffante qui s’est abattue sur Buenos Aires, des dizaines de milliers de personnes ont commencé très tôt à affluer, mardi 10 décembre, vers la place de Mai. Equipés de stocks de bouteilles d’eau – ou, à défaut, prêts à se jeter dans les fontaines publiques –, les partisans d’Alberto Fernandez ont entamé une longue attente devant la Casa Rosada, le palais présidentiel, pour accueillir son nouvel occupant.

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« C’est un moment historique pour notre pays », jubile Martina Aredes, étudiante en histoire. Originaire de la province de Tucuman, dans le nord-ouest de l’Argentine, la jeune femme a fait vingt heures de route pour venir fêter l’investiture d’Alberto Fernandez et de sa vice-présidente, Cristina Fernandez de Kirchner (à la tête du pays entre 2007 et 2015), dans la capitale argentine. « On sent qu’Alberto nous écoute, qu’il prend la jeunesse au sérieux », affirme Rocio Gonzalez, 22 ans, qui milite dans le même mouvement de gauche que Martina.

Les nouveaux ministres sont principalement issus de la fonction publique ou du monde universitaire alors que ceux de M. Macri venaient pour beaucoup du secteur privé

De fait, le gouvernement désigné par Alberto Fernandez a un profil plus jeune que celui de son prédécesseur, le libéral Mauricio Macri – qui briguait un second mandat mais a été battu dès le premier tour de la présidentielle par M. Fernandez, le 27 octobre. Autre différence notable avec le gouvernement Macri : les vingt et un nouveaux ministres, qui ont prêté serment mardi, sont principalement issus de la fonction publique ou du monde universitaire. « Alors que les ministres de M. Macri, bien moins nombreux, venaient pour beaucoup du secteur privé, remarque le politologue Facundo Cruz, c’est un changement de paradigme. » Composé de personnalités « qui renvoient une image de modération », selon M. Cruz, ce gouvernement reflète également les différentes tendances du péronisme présentes au sein du Frente de Todos (« le front pour tous »), la très large coalition péroniste de centre gauche qui a permis à M. Fernandez l’emporter.

Obtenir des consensus

« Les membres de ce gouvernement viennent de courants politiques très différents, mais ils savent que la situation est si complexe qu’ils doivent rester unis », estime Paula Clerici, professeure de sciences politiques à l’université Torcuato di Tella et à l’université de Buenos Aires. Conscient de la difficulté de maintenir unie une coalition si large et du besoin d’obtenir des consensus avec une opposition loin d’être décimée, Alberto Fernandez a, durant son discours d’investiture au Congrès, appelé de ses vœux « l’union de toute l’Argentine pour construire un nouveau contrat social citoyen ».

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« Aujourd’hui, il est plus nécessaire que jamais de redresser l’Argentine », a déclaré le nouveau président, dressant une longue liste des maux dont souffre le pays, qui traverse une grave crise économique et sociale. Explosion de la pauvreté, hausse du chômage, inflation à son plus haut niveau (54 % attendus en 2019) depuis 1991… Alberto Fernandez, qui a parlé de « chiffres terrifiants », a proposé un « plan intégral de lutte contre la faim ». La malnutrition touche en premier lieu les enfants : plus d’un sur deux vit sous le seuil de pauvreté.

Sans citer explicitement son prédécesseur, M. Fernandez a déclaré que l’administration précédente avait mené l’Argentine « au bord du défaut de paiement ». Le nouveau président a assuré qu’il rembourserait la dette contractée par le pays, mais qu’il chercherait à obtenir des délais supplémentaires auprès des créanciers de l’Argentine. En commençant par le Fonds monétaire international (FMI), qui a octroyé plus de 45 milliards de dollars de prêts à l’Argentine (40,6 milliards d’euros). « Il est impossible de payer la dette sans retrouver la croissance », a prévenu M. Fernandez.

Ces négociations complexes devront notamment être menées par Martin Guzman, jeune ministre de l’économie formé aux Etats-Unis et disciple du Prix Nobel Joseph Stiglitz. « Sa tâche est titanesque, estime la chercheuse Paula Clerici, mais sa nomination est stratégique, car M. Guzman a un parcours international qui devrait lui être utile pour négocier avec le FMI. »

Interrogations sur le rôle de Cristina Fernandez de Kirchner

Après plus d’une heure de discours au Congrès, et au terme d’une journée chargée en cérémonies officielles, Alberto Fernandez a enfin regagné la Casa Rosada, devant laquelle il a trouvé une place noire de monde. Les grilles entourant le palais présidentiel, installées sous le gouvernement de Mauricio Macri, avaient été retirées quelques jours plus tôt. « C’est tout un symbole. Pour le péronisme, la place de Mai, c’est la place du peuple », analyse Mme Clerici.

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« Cette place, qu’ils avaient grillagée, avait créé de la division », a de fait affirmé Cristina Fernandez de Kirchner, qui a parlé la première, mardi soir, sur une immense scène dressée devant la Casa Rosada pour l’occasion. A 66 ans, l’ancienne présidente jouit toujours d’une grande popularité au sein d’une partie de la population, et ce malgré ses mises en examen dans plusieurs affaires de corruption. Mardi, de nombreux Argentins portaient des tee-shirts « L’histoire m’acquittera », récente déclaration de Mme Kirchner devant la justice le 2 décembre.

De nombreux analystes s’interrogent sur l’influence que pourrait avoir l’ancienne présidente sur les décisions d’Alberto Fernandez. « Institutionnellement, le rôle de vice-président est très limité. Il ou elle se contente surtout d’exercer la présidence du Sénat, rappelle le politologue Facundo Cruz, mais c’est aussi la première fois qu’un ancien président prend ce rôle, alors il y a beaucoup d’incertitudes. »

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« M. Fernandez a prouvé durant la campagne qu’il n’est pas une marionnette », estime pour sa part Paula Clerici. Mardi soir, prenant la parole à son tour, Alberto Fernandez s’est montré plus uni que jamais avec sa vice-présidente : « Par folie, nous nous sommes éloignés, mais nous nous sommes ensuite retrouvés », a-t-il déclaré, en référence aux tensions passées entre lui et l’ex-présidente – des désaccords qui l’avaient conduit à démissionner de son poste de chef de cabinet en 2008. Le nouveau président a promis de s’employer à construire « une société meilleure ». Avant de conclure : « Au travail ! »

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