Inondations: les averses font pleurer de plus en plus de Mauriciens

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Certaines personnes ont tout perdu en l’espace de quelques heures à cause des inondations.

 

Certaines personnes ont tout perdu en l’espace de quelques heures à cause des inondations.

 

Depuis le début de l’année, les grosses averses ont causé beaucoup de dégâts. Il a suffi qu’il pleuve pendant quelques heures seulement pour que cela provoque des inondations. Fait notable : ce ne sont pas seulement les lieux habituellement affectés par ce genre de calamité qui sont touchés. Pourquoi ? Comment?

Dimanche 17 février. Dans le sillage de grosses averses, Terre-Rouge, Riche-Terre et Baie-du-Tombeau ont été inondés. Les photos prises par les photographes, ou postées sur les réseaux sociaux, témoignent de l’ampleur des dégâts, parfois considérables. Certains ont même tout perdu en l’espace de quelques heures.

Parmi, Arantia Eléonore, 23 ans et sa voisine, Annick Ravina 52 ans. Une semaine après, elles ne s’en sont toujours pas remises. «C’est la première fois qu’on voit une telle chose. Nous avons vécu un des plus mauvais jours de notre vie…»

Arantia Elénore, jeune musicienne, est mère célibataire. Pour cette habitante de Riche-Terre, la date du 17 février restera à jamais gravée dans ses souvenirs. «On s’est réveillé très tôt pour commencer les préparations pour la fête d’anniversaire de ma fille Tyrah, elle a eu 5 ans. Les invités devaient arriver à 15 heures. Il ne pleuvait pas beaucoup chez moi. Mais à un moment, on a entendu crier et courir dehors. Je me suis précipitée pour aller voir. C’était une scène d’horreur, j’ai vu l’autoroute et la station de service à côté, qui étaient complètement inondées. L’eau boueuse dans ma cour était déjà arrivée au niveau de mes jambes et puis elle a complètement pénétré dans notre maison. Tout s’est passé si vite…» Arantia est toujours sous le choc. La panique a eu vite fait de prendre le dessus. Sa mère, ses propriétaires qui habitent à l’étage et elle-même ont essayé de sauver les meubles – et tout ce qu’ils pouvaient – en vain.

Chez sa voisine, Annick Ravina, c’était également l’affolement. Elle n’a pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. «Mon époux et moi nous faisions la sieste quand soudain on a entendu les voisins qui hurlaient. La maison était déjà inondée. Nous sommes alors montés sur le toit et avons assisté, impuissants, à la scène d’horreur», avoue la quinquagénaire, qui a tout perdu.

Arantia comme Annick montrent du doigt un canal situé en face de chez eux. Cela fait plusieurs années qu’elles habitent à cet endroit et c’est la première fois qu’elles voient une telle chose. «Des grosses averses, on en a connues. Mais c’est la première fois que ça arrive. C’est la station de service à côté qui a fait bloquer une partie du canal à l’aide de béton. Le canal en question permettait l’évacuation de l’eau en cas d’averses.»

De plus, la partie non-bétonnée du canal est remplie de déchets, de vieux matelas, de saletés en tout genre. «C’est dur, quand on sait qu’on a tout perdu à cause d’inondations qui n’auraient jamais dû se produire, si des inconscients ne se croyaient pas tout permis», s’insurge Annick.

Les «habitués»

À Chitrakoot, les années se suivent et se ressemblent. Après les pluies de dimanche, c’était encore une fois la pagaille à cause des glissements de terrain. Un sentiment de résignation mêlé à la colère flotte dans l’air. Dès l’annonce de l’arrivée des grosses pluies, c’est la peur, l’appréhension. Suivant la route de l’école qui a fermé, des maisons fissurées et abîmées, nous sommes allés à la rencontre de deux familles.

Soonil Rambaccus a 55 ans. Il habite Chitrakoot depuis 15 ans. Cet endroit lui rappelle certes de bons souvenirs mais difficile d’oublier les moments de désespoir. «Kan sa gro lapli-la tonbé ou tann tapaz koumadir lakaz pé kraké anba later é la delo koumans rantré…» Les murs lézardés sont nombreux chez lui.

À plusieurs reprises, Soonil a dû faire appel aux autorités quand il y a eu de grosses averses. Sa maison ressemble depuis belle lurette à la tour de Pise. Les vitres et le sol témoignent aussi du fait que l’eau est passée par là. Pourtant, il y est toujours. «Je suis conscient qu’on ne peut plus habiter cet endroit. Mais je n’ai pas le choix… Si gouvernman ti kapav tir nou dépi la…»

 Plus loin, nous rencontrons Sawan et Pooja Callichurn. Avec, eux, leur bébé. Suivant les grosses pluies du dimanche 17 février, leur maison continue à suinter de partout, plusieurs jours après… C’est suivant un glissement de terrain que le toit s’est fissuré. Ce couple, qui a deux enfants, avoue être au supplice. «Sa delo-la desann depi lor montagn li vini li inond partou.»

Pour les familles habitant Chitrakoot, la situation devient de plus en plus inquiétante. «Kouma ena gro lapli, bannla net vini dir nou alé, al dan sant, pa kapav kontign viv koumsa», clame Soonil. Sawan abonde dans le même sens : «Oui nous partons dans les centres mais après nous devons retourner dans nos maisons. C’est un cercle vicieux.»

Selon eux, cet endroit est déjà condamné et les autorités n’ont pas fait grand-chose non plus pour les aider. Un seul drain a été installé dans cette zone et il ne peut évacuer la quantité d’eau qui s’écoule en cas de débordement. De plus, «enn sel drain inn meté, la ousi toulétan li bousé…» Bouché ? Oui, par des feuilles, mais également des bouteilles en plastique…

Trop de béton et changement climatique

Pour le Dr. Vasantt Jogoo, urbaniste et environnementaliste, une des causes principales des inondations est certainement le changement climatique. «Ce phénomène a augmenté l’intensité des pluies, mais il ne suffit pas à lui seul à expliquer les crues que nous continuons de subir. Je dirais que l’urbanisation non-planifiée, et conséquemment l’imperméabilisation des surfaces, contribuent très largement à ces inondations.»

Il y a en outre le fait que les marécages et autres «zones environnementales sensibles», dont les régions côtières, ont fait les frais de l’urbanisation à outrance, argue l’expert. En ce qui concerne les problèmes d’inondations qu’il y a eu à Riche-Terre, Terre-Rouge et autres, c’est toujours le béton qui est en cause, selon lui. «En l’absence d’un plan d’aménagement du territoire, les morcellements poussent partout. Ce genre de développement modifie le régime hydrique naturel. En conséquence, les volumes et les débits d’eau en cas de grosses pluies sont beaucoup plus importants. Cette eau doit s’écouler d’une façon ou d’une autre !»

Le Dr Jogoo est d’avis qu’il est grand temps que le gouvernement prenne des mesures pour endiguer l’urbanisation sauvage. Et de se pencher sérieusement sur le réchauffement climatique, notre île étant parmi les plus à risque par rapport la montée des eaux. Il est temps de se poser les bonnes questions. «Pourquoi le ‘Climate Change Bill’ n’a-t-il pas encore fait l’objet de débats parlementaires ? Pourquoi il n’y a pas de plan d’aménagement du territoire ? Ne faut-il pas revoir les normes régissant les morcellements ? Où est le Wetlands protection Bill ? Pourquoi la cartographie délimitant ces wetlands n’a-t-elle pas été rendue publique ?» Pour le consultant en développement durable, «c’est l’incapacité du gouvernement à assumer ses responsabilités qui est en train d’aggraver la situation».

Du côté du ministère des Infrastructures, c’est le silence total. Nous avons en effet d’avoir des réponses à ces questions mais nous nous sommes heurtés à un mur en béton.


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Lexpress

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