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Tribune. Ce 15 septembre aurait pu entrer dans l’histoire des peuples du Moyen-Orient comme une date suscitant un véritable élan d’espoir. Ce jour-là, aux côtés du président américain Donald Trump, Benyamin Nétanyahou et les représentants des Emirats arabes unis et de Bahreïn ont paraphé un accord de paix mettant un terme au conflit séculaire entre Israël et deux pays arabes du Golfe. Dans une région du monde habituée aux conflits, nous ne pouvons que nous réjouir que la paix progresse et qu’avance la normalisation entre Israël et des Etats arabes.
Il faut pourtant également savoir dépasser ce premier constat et regarder la réalité avec lucidité. La grand-messe autour de Donald Trump est aussi à relativiser, car elle peut être porteuse d’une illusion, au risque d’envenimer la situation.
Il faut d’abord rappeler que le document signé à la Maison Blanche n’est pas un traité de paix, contrairement à ce que clame avec ardeur le président américain. En effet, à la différence de l’Egypte et de la Jordanie, les Emirats arabes unis n’ont jamais mené de guerre contre Israël. C’est aussi le cas pour Bahreïn, qui agit ici comme un supplétif et dont la souveraineté reste limitée tant l’archipel dépend des aides de Riyad et d’Abou Dhabi.
L’accord signé prévoit une reconnaissance mutuelle qui doit déboucher sur l’ouverture d’ambassades, de lignes aériennes directes et de relations commerciales dans des secteurs aussi divers que la haute technologie, les télécoms, l’environnement ou le tourisme. Même si, depuis des années, les échanges entre ces trois pays relevaient du secret de Polichinelle − particulièrement dans le domaine du renseignement pour les Emirats −, l’officialisation de cette relation permet aux trois nations d’assumer publiquement un partenariat rendu nécessaire par la lutte contre les visées expansionnistes des grandes puissances de la région que sont l’Iran et la Turquie.
Le consensus arabe vole en éclats
C’est ici que se précisent les limites de cette entente. Car si l’accent est mis sur les bénéfices, force est de constater que les coûts d’un tel engagement sont nombreux. Pour les Palestiniens, le pas en avant solitaire d’Abou Dhabi est vécu comme un « coup de poignard dans le dos » puisqu’il ne va en rien changer le régime d’occupation.
Contrairement à ce qui a été présenté par le régent et homme fort des Emirats, Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, le projet d’annexion de la Cisjordanie, cher à Benyamin Netanyahou et à ses soutiens, n’est pas écarté. Il est simplement différé et il est à craindre que le premier ministre israélien n’hésite pas à le ressortir de son chapeau aussitôt que les circonstances électorales l’y pousseront. Le premier ministre israélien peut ainsi se targuer d’avoir engrangé un succès retentissant : l’accord qui reconnaît de facto l’occupation des territoires n’impose à Tel-Aviv aucune concession en faveur des Palestiniens ni aucun retour à des négociations politiques.
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