« Il faut utiliser les opérations militaires pour amener les djihadistes à négocier »

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Dans son nouveau rapport, Ibrahim Yahaya, chercheur à l’International Crisis Group, analyse la négociation avec l’ennemi comme une nécessité pour l’Etat malien. Entretien.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 19h00

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Un véhicule blindé de la force « Barkhane » antidjihadiste française, près des monts Hombori, dans le centre du Mali, en mars 2019.
Un véhicule blindé de la force « Barkhane » antidjihadiste française, près des monts Hombori, dans le centre du Mali, en mars 2019. DAPHNE BENOIT / AFP

Le débat monte depuis des mois. L’Etat doit-il négocier avec les djihadistes pour contenir les conflits au centre du Mali ? Région la plus violente du Sahel, cette zone est plongée depuis 2016 dans une crise qui ne cesse de s’amplifier, entre attaques terroristes et conflits miliciens. Dans son nouveau rapport intitulé « Parler aux djihadistes au centre du Mali : le dialogue est-il possible ? », l’International Crisis Group (ICG) dresse le constat d’une guerre antiterroriste ingagnable par les armes et explore les voies que l’Etat malien pourrait emprunter pour négocier avec l’ennemi. Pour le chercheur Ibrahim Yahaya, auteur de ce rapport rendu public le 28 mai, négocier est une nécessité pour l’Etat.

Pourquoi est-il, selon vous, impossible de vaincre les djihadistes par les armes au centre du Mali ?

Ibrahim Yahaya C’est ce qu’on essaie de faire depuis sept ans et on voit bien que cela ne marche pas. Les djihadistes adaptent leur stratégie à la pression militaire. Quand l’armée malienne a essayé de reprendre les villes, les djihadistes se sont davantage centrés sur la brousse. Ils ont mis au moins une dizaine de localités sous embargo et ont continué à occuper les villages, qu’ils gouvernent à distance. C’est une tactique de guérilla qui les rend quasiment insaisissables. L’action militaire classique n’est pas adaptée à leur système de combat.

Est-il raisonnable de penser que le dialogue serait la solution ?

Il n’y a pas d’autres alternatives crédibles et il devient urgent de sortir de l’impasse. Ce conflit djihadiste est en train d’alimenter une violence intercommunautaire qui fait beaucoup plus de morts que le terrorisme. Il suffit de regarder l’augmentation de la violence : au centre, elle s’est multipliée par dix entre 2016 et 2018. Si l’Etat ne pense pas à une solution alternative, on va vers la catastrophe.

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Il faudrait donc rendre les armes et dialoguer ?

On ne dit pas qu’il faut arrêter de combattre l’ennemi, mais qu’il faut changer de tactique. Les opérations militaires ont été engagées dans l’objectif de défaire les djihadistes par les armes. On n’y parviendra pas. Il faudrait utiliser ces opérations comme un moyen de pression pour amener les djihadistes à la table des négociations. Les arrêter dans les endroits où les combattants se disent prêts à négocier, les poursuivre lorsqu’ils ne veulent pas venir.

Comment établir ce dialogue ?

Il faudrait mener un dialogue inclusif avec toutes les communautés du centre, ouvert aux populations qui soutiennent les djihadistes. Cela permettrait à l’Etat de comprendre les causes profondes de la crise et de tout mettre sur la table. Mais pour que cela fonctionne réellement, il faudrait d’abord que l’Etat malien engage un dialogue avec Amadou Koufa [fondateur du Front de libération du Macina, principal groupe terroriste au centre du pays] par l’entremise d’oulémas. En 2017, il a lui-même dit qu’il était disposé à rencontrer trois d’entre eux. C’est une ouverture dans laquelle l’Etat devrait s’engouffrer.

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