« Il faut suspendre toute forme de coopération universitaire et scientifique avec l’Iran »

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La détention en Iran, qui vient d’être rendue publique, de deux chercheurs français, Fariba Adelkhah et Roland Marchal, arrêtés par les gardiens de la Révolution, impose le gel immédiat de toute coopération universitaire avec ce pays, souligne, dans une tribune au « Monde », Jean-François Bayart, spécialiste de politique internationale et professeur à Genève.

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Le 5 juin, Fariba Adelkhah, anthropologue, et Roland Marchal, sociologue, tous deux chercheurs à Sciences Po, ont été arrêtés en Iran sous prétexte d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Cette accusation est grotesque. Dût-elle, qu’à Dieu ne plaise, être relayée par des aveux télévisés dont la République islamique est coutumière, elle ne gagnerait pas en crédibilité. Fariba Adelkhah et Roland Marchal n’ont aucune activité politique en Iran ou à l’encontre de l’Iran, ne sont liés à aucun service de renseignement, n’ont d’autre agenda que scientifique. Ils sont des prisonniers scientifiques.

Téhéran a pris pour gage, dans l’opacité d’on ne sait quelle négociation diplomatique sur fond de crise régionale, deux chercheurs dont les travaux ont éclairé les réalités nuancées de la République islamique, pour l’une, le jeu asymétrique des pays occidentaux dans cette partie du monde, pour l’autre. En les arrêtant, les gardiens de la Révolution se sont tiré une première balle dans le pied. Ils laissent le champ libre à toutes les outrances que l’on entend au sujet de l’Iran.

Comment travailler de concert en sachant que des collègues croupissent dans les geôles de Téhéran ?

Fidèles à leur conception particulière de la diplomatie, ils s’en sont tiré une deuxième dans le genou en s’en prenant à la France qui, certes, ne s’est jamais montrée favorable aux intérêts iraniens au Moyen-Orient et vend quantité d’armes à l’Arabie saoudite, mais s’efforce de tempérer les ardeurs de Donald Trump et de sauver l’accord nucléaire de 2015. Etrange manière d’épauler une médiation, à moins qu’il ne s’agisse de la torpiller. Curieuse façon de rompre l’isolement de l’Iran.

La suspension de toute forme de coopération universitaire et scientifique avec la République islamique – hormis l’accueil d’étudiants – s’impose d’elle-même. Par solidarité professionnelle avec Fariba Adelkhah et Roland Marchal, mais aussi avec la quinzaine de chercheurs étrangers arrêtés dans les mêmes conditions ces derniers temps.

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La décence l’exige également. Comment travailler de concert en sachant que des collègues croupissent dans les geôles de Téhéran ? La précaution la plus élémentaire rend aussi inévitable cette mesure. Le ministère des affaires étrangères demande d’ailleurs aux ressortissants français de ne plus se rendre en Iran, et le CNRS y interdit toute mission. Les établissements universitaires qui passeraient outre prendraient un risque juridique insensé. Les familles de leur personnel seraient en droit de se retourner contre eux en cas d’arrestation.

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