« Il faut rendre aux Européens la fierté d’appartenir à ce continent »

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L’Europe s’est fondée sur la mémoire des guerres, des dictatures et de la Shoah. Une mémoire nécessaire, essentielle pour lutter contre le populisme. Pour autant, il faut cultiver une mémoire positive, estime, dans une tribune au « Monde », Géraldine Schwarz, journaliste et essayiste franco-allemande.

Publié aujourd’hui à 07h00, mis à jour à 15h48 Temps de Lecture 2 min.

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Le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe, à Berlin, en Allemagne.
Le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe, à Berlin, en Allemagne. Christophe Gateau / Christophe Gateau/dpa

Tribune. Nous venons de loin, nous les Européens. Nos mémoires et nos rêves sont éclatés, parfois contradictoires. Mais, dans cette diversité, il y a un dénominateur commun : l’expérience du totalitarisme qui écrase l’identité des hommes, les torture et les manipule, pour fabriquer des clones au service de la folie meurtrière d’une idée. A l’Est comme à l’Ouest, nous avons connu la souffrance, mais aussi l’apathie face au crime, le Mitläufertum, le danger du conformisme, de l’aveuglement et de l’opportunisme.

L’histoire ne se répète pas, mais les mécanismes sociopsychologiques restent les mêmes qui, dans un contexte de crise, nous poussent à devenir les complices du déclin moral.
Sans cette mémoire-là, celle de notre propre faillibilité, la démocratie est en danger.

La responsabilité individuelle est devenue le cœur du travail de mémoire en Allemagne de l’Ouest

Mon grand-père français était gendarme sous Vichy. Mon grand-père allemand était membre du parti nazi et a aryanisé une entreprise juive en 1938. Après la guerre, il fallut le courage de la génération de mon père pour tirer la population allemande de l’amnésie et lui faire reconnaître que sans sa complicité passive ou active le IIIe Reich n’aurait pas pu accomplir des crimes d’une telle ampleur. La responsabilité individuelle est devenue le cœur du travail de mémoire en Allemagne de l’Ouest.

A l’école, on m’a appris à m’identifier aux Mitläufer – ceux qui marchent avec le courant – pour prendre conscience de ma propre vulnérabilité et on m’a armé de discernement moral face aux manipulateurs. Dans ce pays qui a fait la double expérience de l’idéologie nazie et communiste, j’ai compris l’influence de chacun de nous sur le cours de l’histoire.

Manipulation psychologique

Qui d’autre a fait ce travail en Europe ? La culpabilité du peuple allemand a servi d’alibi à beaucoup de voisins européens pour faire oublier leur propre rôle de Mitläufer.
Ils ont échoué à se servir de la mémoire pour se défendre contre une manipulation psychologique qui aujourd’hui ressemble à s’y méprendre à celle d’hier : exploiter la fragilité des repères identitaires pour imposer une nouvelle identité ; flatter le narcissisme en générant un sentiment d’appartenance à un corps social dont d’autres sont exclus ; mentir, créer la confusion, pour nourrir l’irrationnel et inverser nos valeurs morales – quand le bien devient mal et le mal devient bien. Un peuple qui ne croit plus en rien est malléable à merci, disait la politologue juive d’origine allemande Hannah Arendt.

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