« Il faut que l’Europe achève ce qui est resté incomplet »

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Dans une tribune au « Monde », l’ancien ministre français des affaires étrangères et le philosophe et historien néerlandais estiment qu’il est temps de mener à bien l’union économique et monétaire, ainsi que l’espace de libre circulation Schengen.

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Le moment est venu d’admettre et d’assumer la maturité de l’édifice européen construit depuis soixante ans. Un point d’équilibre a peut-être été atteint dans la répartition des compétences entre les Etats membres et le niveau européen. Il n’y a guère de fondement pour un rapatriement des compétences au niveau national, comme même les autorités britanniques l’avaient constaté avant de se fourvoyer dans l’aventure d’un référendum ; il y a peu à gagner, y compris en termes de soutien politique et populaire, à tout miser sur la prise en charge par l’Union de nouvelles missions, ou à céder au tropisme révolu de la surréglementation. Mais maturité ne veut pas dire fixité et immobilisme, eu égard aux inachèvements qui demeurent, face aussi aux nouveaux enjeux nés des technologies et des nouveaux rapports de force mondiaux. A l’Union et à ses Etats membres, conjointement, d’y faire face ensemble.

Cet âge de maturité devrait nous guérir des excès incantatoires dont la crédibilité de l’Europe a tant souffert dans le passé, des horizons radieux de « l’économie la plus compétitive du monde » à l’avènement d’une Europe sociale. Gardons-nous de les renouveler par les promesses d’une refondation complète de l’UE ou de la création imminente d’une armée européenne. Résistons à la facilité de la fuite en avant, faisant du slogan « plus d’Europe » la panacée à toutes les faiblesses de l’économie, de la gouvernance ou de l’ordre international, au risque aussi de dédouaner chacun des Etats membres des responsabilités et des efforts qui leur incombent. Cessons de tout attendre de réformes institutionnelles et de révision des traités toujours plus lentes à négocier et à ratifier, au bilan parfois discutable pour l’efficacité de l’Union, et rarement nécessaires pour le contenu des politiques. Préservons l’acquis essentiel que représente un marché intérieur unifié à l’échelle du continent, contre la nostalgie carolingienne du noyau dur.

Lacunes

Comment, dès lors, à l’approche des élections européennes, répondre aux attentes et aux besoins d’aujourd’hui ? Nous proposons trois pistes. D’abord en continuant d’investir l’Union d’un mandat de protection de ses citoyens et de leurs libertés, de son industrie, de ses emplois, de sa création. Même si elle a été créée avant tout afin de lever les obstacles, de promouvoir l’ouverture et d’élargir les libertés de circulation et d’échanges, elle peut et doit aujourd’hui déplacer le curseur et mieux prendre en compte un besoin de protection. Elle en a les moyens et les instruments juridiques, par des règles conçues dans ce but et des politiques ajustées à cet objectif, qu’il s’agisse de concurrence, de commerce, de données personnelles, de secret des affaires ou de maîtrise des frontières extérieures. Pensons aussi à la protection contre les investissements chinois dans les domaines stratégiques, ou au besoin d’une approche commune vis-à-vis du retour des djihadistes européens de l’Etat islamique. Une Union européenne qui se déroberait à cette mission de protection perdrait toute chance de retrouver la confiance de ses citoyens.

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