« Il faut diminuer la défiance des électeurs algériens vis-à-vis des autorités »

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Mohamed Charfi, à Alger, le 16 novembre 2019.
Mohamed Charfi, à Alger, le 16 novembre 2019. – / AFP

A la veille du scrutin présidentiel de jeudi 12 décembre en Algérie, Mohamed Charfi, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), s’efforce de dissiper, dans un entretien au Monde Afrique, les suspicions qui pèsent sur l’organisation d’une élection dénoncée comme insuffisamment transparente par le Hirak (« mouvement » de protestation). Personnalité issue du régime – il a été conseiller auprès de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika et ministre de la justice –, M. Charfi affirme que le scrutin sera « la première élection réellement démocratique dans l’histoire de l’Algérie », tout en admettant la « défiance » actuelle, qu’il qualifie de « preuve de vigilance démocratique ».

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L’ANIE est-elle une commission vraiment indépendante ?

L’ANIE est le fruit du Hirak. Depuis la première manifestation du 22 février, la mise en place d’une commission électorale indépendante des structures de l’Etat faisait partie des revendications populaires. L’ANIE a finalement été instituée à l’issue d’un processus de dialogue national. Sur ses 50 membres, 24 sont issus de la société civile. Le reste est composé de représentants de syndicats professionnels : professeurs d’université, avocats, notaires, huissiers. L’ANIE récupère en matière d’organisation du scrutin des prérogatives qui relevaient jusque-là des ministères de l’intérieur, de la justice, des affaires étrangères et du Conseil constitutionnel.

Mais l’ANIE n’est pas perçue comme indépendante par le Hirak. Comment expliquer ce décalage ?

Je ne suis pas sûr que tout le monde dans le Hirak partage cette opinion. Ce que je peux dire, c’est que l’ANIE porte en elle toutes les revendications du Hirak. Elle assurera une élection propre et transparente qui permettra au peuple d’exprimer son choix souverainement.

Comment assurer concrètement la sincérité du scrutin ?

L’ANIE a des structures locales qui y veilleront. Dans chaque bureau de vote, il y aura des représentants des candidats. Il y aura même la présence populaire de citoyens qui pourront participer au dépouillement. Il faut que les citoyens aident à la préservation de la sincérité du scrutin. Je lance d’ailleurs un appel à tous les étudiants du Hirak pour qu’ils participent au dépouillement et à l’encadrement du scrutin.

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Considérez-vous que cette défiance vis-à-vis de l’ANIE est illégitime ?

Non, pas du tout. Cette défiance est une preuve de vigilance démocratique. Elle ne sera surmontée que quand les institutions d’un Etat de droit seront en place. Nous allons d’ailleurs lancer un observatoire pour l’amélioration de la démocratie électorale. Il faut diminuer cette défiance des électeurs vis-à-vis des autorités institutionnelles.

Cette élection marque-t-elle un tournant ?

Il s’agira de la première élection réellement démocratique dans l’histoire de l’Algérie.

Cela signifie-t-il que les précédentes ne l’étaient pas ? On a parlé de fraudes…

Avant, nous étions dans un système socialiste, avec le centralisme démocratique. Il n’a pas le même contenu que le système libéral. Mais il y a eu un changement de paradigme depuis 1989 [après les émeutes d’octobre 1988].

Voulez-vous dire que les scrutins présidentiels de 1999, 2004, 2009 et 2014 ont été sincères ?

Que ce nouveau paradigme ait été respecté, c’est une autre histoire. Peut-être que les élections antérieures n’ont pas pu faire disparaître les stigmates de la démocratie socialiste. Mais nous sommes aujourd’hui dans une phase de déconstruction de tout ce qui n’apparaît pas conforme à la logique de la démocratie libérale.

Le Hirak doit-il s’arrêter après le scrutin ?

Non. Le Hirak doit rester une force permanente pour un changement permanent. Il est une force inestimable, une richesse pour l’Algérie qui ne doit pas être gaspillée comme bien d’autres ressources l’ont été. Il nous permet d’avoir les réflexes positifs au service de la stabilité de l’Algérie et de son développement économique.

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