Ignace Lam: «Les gens ont peur que nos légumes contiennent trop de pesticides»

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Ignace Lam, Chairman de l’enseigne Intermart.

Ignace Lam, Chairman de l’enseigne Intermart.

Augmentation de l’indicateur de confiance, hausse des dépenses à la consommation. Le secteur commercial progresse. Les raisons ? Une progression des salaires des Mauriciens et du taux de croissance de l’économie.

Une augmentation de 6,9 % de l’indicateur de confiance pour le secteur commercial, qu’est-ce qui explique cela ? 
C’est lié à la croissance de l’économie qui est de 3,9 %. On trouvera toujours que le taux de croissance est insuffisant mais c’est satisfaisant. Récemment, il y a eu le ‘feel-good factor’ lié aux Jeux des Îles qui a aussi dopé la consommation. Heureusement, la résilience de notre économie grâce à la diversité de nos secteurs aide la consommation. 

Bien entendu, certains de ces grands piliers ne marchent pas, à l’instar de l’exportation ; il suffit de voir le déficit commercial qui est en hausse mais on survit malgré cela. Les autres secteurs marchent pas mal et le chômage est assez bas, il n’y a qu’à voir le nombre d’étrangers qui travaillent dans plusieurs secteurs. Les revenus des familles augmentent et cela booste le secteur commercial. Ce dernier contribue à la croissance générale de notre économie. Regardez le nombre de gens qui se rendent, peu importe le jour du mois, dans les centres commerciaux et les ‘food courts’. C’est visible que les Mauriciens consomment plus.

Cela encourage-t-il les opérateurs, y compris les supermarchés, à investir davantage dans leurs offres ? 
À notre niveau, c’est en permanence qu’on investit sur notre offre pour répondre à la demande. Par contre, il nous faut améliorer le service des supermarchés. Les clients veulent plus de confort et une plus vaste gamme de produits. De notre côté, l’on note une demande pour plus de branches d’Intermart à travers le pays.

Les dépenses liées à la consommation ont augmenté de 3,3 %. 
Quelles sont les raisons de cette amélioration du pouvoir d’achat ? Il y a l’achèvement de gros projets à travers le pays, dans l’infrastructure en particulier. Il y a une augmentation de la consommation en général avec un taux d’inflation à un niveau satisfaisant et surtout sous contrôle. Il y a aussi la hausse des salaires et plus de gens dans une même famille ont un emploi.

Le salaire minimum est-il lié à ce regain de confiance des consommateurs ? 
C’est sûr que cela aide certains employés. Le salaire minimum c’est récent mais on note la différence. Les gens n’achètent pas forcément différemment mais ils achètent plus qu’avant.

La consommation évolue-t-elle de plus en plus vers le haut de gamme ? 
Cette tendance se dessine mais elle est assez lente. Les habitudes changent mais c’est vraiment à petits pas. Par exemple, ce n’est pas du jour au lendemain que les Mauriciens préféreront le brie au Kraft. Autre exemple, le lait en poudre se consomme très peu en Europe mais la consommation reste élevée à Maurice.

«Les gens n’achètent pas forcément différemment ma is ils achètent plus qu’avant.»

Quelle est la tendance des prix des produits importés mis en vente ? 
La parité euro-roupie est stable et les produits restent compétitifs. Notre combat à Intermart est de proposer de bons produits à un meilleur prix. Notre avantage est qu’Intermarché a sa propre usine de production de biscuits et de légumes surgelés, ce qui garantit un prix relativement stable. 

Maintenant il est vrai que l’on ne peut pas ignorer ce qui se passe à l’international, avec des pays des plus protectionnistes, ce qui est inquiétant. Entre le conflit commercial opposant les États-Unis à la Chine et le Brexit, l’Europe va être affectée. Il ne faut pas sous-estimer les problèmes que cela va générer. L’ombre d’un No-deal Brexit plane et il faut rester vigilant.

La note d’importation de produits alimentaires demeure élevée. Quid de la mise en vente de produits locaux ? 
Les produits locaux sont présents et la qualité de ces produits s’est nettement améliorée. Mais il faut être compétitif sans compter le manque d’une main-d’oeuvre, entre autres. Le gouvernement doit être attentif à ces difficultés et rester à l’écoute des producteurs locaux. Nos importations sont diversifiées, il n’y a pas que l’Europe, il y a aussi l’Afrique. Donc, les prix des produits locaux, considérant leurs difficultés, doivent rester compétitifs. Les produits locaux peuvent parfois être plus chers que certains produits importés. Mais la bonne chose est que le Mauricien n’a aucun complexe à acheter le ‘made in moris’ quand la qualité y est.

Booster la production locale serait une bonne chose pour le panier de la ménagère, n’est-ce pas ? 
En effet, c’est nécessaire surtout pour les légumes. La vente de légumes surgelés a augmenté. Les gens ont peur que les légumes du terroir contiennent trop de pesticides et c’est un vrai problème. Il faut un meilleur contrôle sur l’utilisation des pesticides.

Face à l’augmentation de la dette publique, y a-t-il un risque de répercussions sur la consommation plus tard ? 
Tant que l’économie tourne ça va, mais il est vrai qu’une grosse dette publique pèse lourd. Il faut faire attention.

Une hausse de la croissance pour doper l’économie – sachant qu’elle peut creuser le déficit du compte courant avec 75 % des produits consommés localement importés – est-ce une situation soutenable ? 
Il y a plusieurs débats à ce sujet mais l’interprétation est parfois simpliste. Quand la consommation augmente, cela creuse le déficit budgétaire en considérant la valeur de nos exportations. Toutefois, le marché local a une importance qu’il faut prendre en considération. La consommation ne veut pas uniquement dire les aliments achetés en supermarché, une augmentation de la consommation veut aussi dire création de plus d’emplois pour répondre à la demande. Freiner la consommation n’est pas la solution, il faut seulement garder le contrôle.


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