Hubert Laude, virologue d’avant-garde

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« En entrant dans son bureau, j’ai vu cet homme pas très grand, très sec, barbe fine, habillé de façon très simple. Mais le plus frappant, c’était sa colère. Un homme en colère », se souvient Astrid Vabret, chef du service de virologie du CHU de Caen. Nous sommes en 1997 et l’homme en colère est une sommité mondiale, le seul spécialiste en France des coronavirus, dont le dernier représentant, SARS-CoV-2, à l’origine du Covid-19, a envahi le quotidien de la planète tout entière depuis le début de l’année.

Si Hubert Laude, 48 ans à l’époque, a l’air si mécontent, c’est qu’il lui a été demandé de dissoudre sa petite équipe, après vingt ans d’études de ces fascinants virus. « Je luttais déjà depuis quelques années pour maintenir l’activité avec des postes non renouvelés et des moyens en baisse », rappelle ce vétérinaire qui a rejoint l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) en 1972.

Vingt-trois ans plus tard, cet homme modeste ne parle pas de colère face à l’arrêt de ces recherches sur ce sujet revenu à la mode. « Sur le coup, j’étais amer, car la virologie c’était ma passion. J’ai toujours aimé les animaux, que je connaissais déjà bien par mon père vétérinaire. Mais, à la sortie de l’école vétérinaire, j’ai décidé de faire mon métier de l’étude de ces petites bêtes que sont les virus. »

« Des images en microscopie électronique »

Après de premiers travaux sur le virus de la peste porcine, il s’intéresse, à partir de 1978, à une maladie qui fait des ravages dans les élevages porcins, décimant en quelques semaines la totalité du cheptel des porcelets. Cette gastro-entérite porcine est due à un coronavirus, un virus reconnaissable à ses « projections »  en forme de pic autour de son enveloppe. « On n’avait que des images en microscopie électronique. Rien sur la structure, les gènes… », rappelle le chercheur, qui, en quelques années, débroussaille le domaine.

Son équipe identifie la protéine constituant ces projections, ou spicules, qui servent à se fixer sur les cellules cibles. Elle repère le gène qui code pour cette protéine. « On a mis deux mois pour trouver environ 8 000 “lettres” sur 30 000, quand il a fallu quelques jours aux Chinois pour faire de même sur le SARS-CoV-2 », indique-t-il, pour rappeler les progrès techniques en trente ans.

C’est aussi son équipe qui publiera la séquence génétique complète du virus… en 1995 ! Et qui identifie la protéine des cellules intestinales auxquelles le virus s’attache pour les infecter. « Hubert était très rigoureux et scrupuleux. Il était aussi très sobre dans les manifestations extérieures. On n’a même pas ouvert de bouteille de champagne pour nos bons résultats, se rappelle Bernard Delmas, chercheur à l’INRA, premier thésard d’Hubert Laude sur ce sujet. Tous ces résultats ont été obtenus sans financement spécifique, juste avec l’argent de fonctionnement du laboratoire. Cette époque est révolue. »

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