Hongkong sous le choc après les attaques des triades

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Des hommes s’en prennent aux manifestants et aux passants, le 21 juillet, dans le métro de Hongkong.
Des hommes s’en prennent aux manifestants et aux passants, le 21 juillet, dans le métro de Hongkong. AP

La vidéo dure une vingtaine de minutes. Junius Ho, un député hongkongais progouvernement, fixe la caméra et parle lentement, détachant les mots avec soin. « Un chemin s’offre à toi : il y a un chemin qui est d’être vivant et un chemin qui est de ne pas l’être. Choisis ton chemin. » Celui qu’il vient de menacer de mort, dans une vidéo postée sur son compte Facebook, est un autre député, Eddie Chu, membre de l’opposition et prodémocratie, avec qui il avait débattu plus tôt dans la journée du mardi 23 juillet sur le plateau de la télévision RTHK, avant de le quitter, en rage, parce qu’Eddie Chu refusait d’appeler à interdire les manifestations qui durent depuis plus d’un mois contre une loi d’extradition vers la Chine.

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Le même Junius Ho est au cœur d’un scandale pour avoir soutenu les hommes en tee-shirt blancs qui s’en sont pris violemment, dimanche 21 juillet au soir, à des manifestants et des passants dans sa circonscription, à Yuen Long, au nord des Nouveaux territoires de Hongkong, près de la frontière avec la Chine. Une vidéo le montre félicitant les hommes, dont certains ont une canne de bambou à la main, et les appelant « mes héros ». L’attaque, par plus d’une centaine d’hommes armés de triques et de cannes, contre des passagers du métro et des passants, dont certains revenaient de la manifestation de dimanche, a fait 45 blessés, parmi lesquels le député Lam Cheuk-ting. Depuis, Junius Ho concentre la colère des manifestants. Sa permanence a été vandalisée lundi, ainsi que la tombe de ses parents, mardi, après son débat télévisé avec Eddie Chu.

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L’attaque de la station Yuen Long a marqué un nouveau pic dans la polarisation des positions à Hongkong, plus d’un mois après les manifestations monstres qui ont rassemblé jusqu’à 2 millions de personnes dans les rues du territoire pour dénoncer une loi d’extradition ouvrant la porte à l’envoi de justiciables hongkongais vers les tribunaux chinois. Entre-temps, la chef de l’exécutif, Carrie Lam, a déclaré que le texte était « mort », mais elle a refusé de le retirer ou d’admettre l’existence de violences policières. Depuis, tous les week-ends, des manifestations de plus faible ampleur ont lieu dans différents quartiers de Hongkong. Presque à chaque fois, les défilés pacifiques se terminent par des altercations entre de jeunes manifestants et la police.

Attitude trouble de la police

Dimanche soir, après une manifestation autorisée sur un trajet bien plus court que celui demandé par les organisateurs, des manifestants radicaux s’en sont pris au Bureau de liaison de Pékin à Hongkong, c’est-à-dire la représentation de la Chine sur le territoire autonome. Ils ont projeté des sacs remplis d’encre sur l’emblème de la République populaire de Chine et peint des inscriptions injurieuses sur le bâtiment – une attaque hautement symbolique, qui a poussé Pékin, d’ordinaire discret, à diffuser la photo de l’emblème maculé dans les médias chinois. Mais au même moment, plus d’une centaine d’hommes en tee-shirt blanc, par opposition aux tee-shirts noirs des manifestants, se rassemblaient près de la station de Yuen Long, à une heure de métro du centre où avait lieu la manifestation. Plusieurs images les montrent parcourant les rues en cortège, ou rassemblés sur un parking, suggérant que l’attaque avait été planifiée.

L’emblème de la Chine maculé d’encre, le 21 juin au Bureau de liaison de Pékin à Hongkong.
L’emblème de la Chine maculé d’encre, le 21 juin au Bureau de liaison de Pékin à Hongkong. TYRONE SIU / REUTERS

Lundi, c’est comme si un couvre-feu avait été décrété dans le district de Yuen Long : la plupart des commerçants avaient fermé boutique, de peur que de nouvelles attaques n’aient lieu. Mardi, six personnes avaient été arrêtées pour leur participation aux attaques : des chauffeurs, vendeurs, ouvriers, qui selon la police, ont des « antécédents avec les triades ». Les observateurs parlent des groupes 14K et Wo Shing Wo, puissants dans ce district. Les triades sont les groupes mafieux locaux qui contrôlent le trafic de drogue, la prostitution et les jeux d’argent. Certains de ces groupes, notamment dans les zones rurales du nord, ont des connexions politiques avec des élus. Lundi, la députée prodémocratie Claudia Mo a déclaré sur Facebook que les scènes de Yuen Long démontraient « une collusion plus qu’apparente entre la police et les triades dans ce quartier ».

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Des accusations dont la police s’est défendue : « Nous allons mener l’enquête pour voir si nous avons été inefficaces, mais nous ne sommes pas liés aux triades. Faites confiance aux forces de police. La nuit dernière, nous étions tous concentrés sur l’île de Hongkong [où avait lieu la manifestation]. Nous devions nous regrouper pour aller à Yuen Long », a déclaré le commissaire de police Stephen Lo Wai-chung, admettant une réaction tardive de ses troupes, arrivées sur place plus de 35 minutes après les premiers appels, et parties sans interpeller personne. Les agresseurs étaient revenus à l’attaque juste après le départ de la police, qui prétend n’avoir trouvé aucun attaquant armé, alors que des photos montrent des agents discutant avec des hommes en tee-shirt blanc tenant à la main des bâtons.

« Leçon » aux manifestants

En 2014, lors du « mouvement des parapluies », des membres des triades s’en étaient déjà pris au mouvement d’occupation du centre de Hongkong. Les agresseurs étaient issus de « sous-groupes affiliés aux triades », payés pour s’attaquer aux manifestants, avait conclu une étude intitulée Resurgent Triads ? Democratic Mobilization and Organized Crime in Hong Kong (« le retour des triades ? Mobilisation démocratique et crime organisé à Hongkong », 2017, non traduit) réalisée par les chercheurs Federico Varese (Oxford) et de Rebecca Wong (université de la ville de Hongkong City U). « Les triades ont pu trouver un nouveau rôle en tant qu’exécuteurs de politiques impopulaires et pour réprimer les mouvements démocratiques dans le contexte d’une dérive autoritaire à Hongkong », écrivent-ils.

Après une agression de manifestants dans le métro, le 21 juillet.
Après une agression de manifestants dans le métro, le 21 juillet. AP

Lui aussi défenseur du pouvoir, Arthur Shek, directeur associé et cofondateur du quotidien Hong Kong Economic Times, a annoncé sa démission mardi. Samedi 20 juillet, il avait appelé les plus de 100 000 participants à un rassemblement de soutien à la police de Hongkong, à utiliser des cannes ou des tuyaux métalliques pour « donner une bonne leçon » aux manifestants vêtus de noir, sous un tonnerre d’applaudissements. Après l’attaque de Yuen Long le lendemain, les employés du journal avaient signé une pétition dénonçant ses propos. Le rassemblement de soutien aux forces de police était pourtant censé « dénoncer la violence ».

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