Hommages unanimes et bataille politique après la mort de la juge Ruth Bader Ginsburg

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Devant la Cour suprême des Etats-Unis, le 18 septembre, à Washington.

La doyenne de la Cour suprême des Etats-Unis, Ruth Bader Ginsburg, est morte, vendredi 18 septembre, à l’âge de 87 ans, ce qui devrait ouvrir la voie à une intense bataille politique à moins de deux mois de la présidentielle. Cette juge progressiste, devenue une véritable icône à gauche, est morte des suites d’un cancer du pancréas, entourée par sa famille, a annoncé la plus haute juridiction des Etats-Unis dans un communiqué.

Fragile depuis quelques années, cette championne de la cause des femmes, des minorités ou encore de l’environnement avait été hospitalisée à deux reprises cet été et sa santé était suivie de près par les démocrates, qui craignent que le président, Donald Trump, ne s’empresse de nommer son successeur.

Avortement, droit des minorités, port d’armes, peine de mort… la Cour suprême est l’arbitre de tous les grands sujets de société aux Etats-Unis. Aujourd’hui, les cinq juges conservateurs – sur neuf – ne font pas bloc, et il est fréquent que l’un d’entre eux vote avec ses confrères progressistes. En nommant un successeur avant l’élection du 3 novembre, Donald Trump pourrait ancrer l’institution encore plus à droite.

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Inquiétude dans l’opposition

L’inquiétude s’est rapidement exprimée dans l’opposition. Quelques instants à peine après l’annonce de son décès, le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a salué une « géante de l’histoire américaine » et demandé à ne pas précipiter le choix de son successeur. Reprenant les paroles prononcées par l’élu de Kentuchy Mitch McConnell en 2016, il a ajouté sur Twitter :

« Le peuple américain doit avoir son mot dans la sélection du prochain juge de la Cour suprême. Son poste ne doit pas être attribué tant que nous n’avons pas un nouveau président. »

Le candidat démocrate, Joe Biden, a, lui, rendu un hommage appuyé à la magistrate la plus connue des Etats-Unis. « Ruth Bader Ginsburg s’est battue pour nous tous, et elle était très aimée », a-t-il souligné, en appelant lui aussi à ne pas se précipiter pour la remplacer. « Les électeurs doivent choisir le président, et le président doit proposer un juge au Sénat », a-t-il ajouté.

Selon la radio NPR, elle avait elle-même confié ses dernières volontés à sa petite fille, Clara Spera. « Mon vœu le plus cher est de ne pas être remplacée tant qu’un nouveau président n’aura pas prêté serment », lui aurait-elle dicté quelques jours avant sa mort.

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Trump a déjà publié une liste de juges conservateurs

Le président des Etats-Unis n’a appris la nouvelle du décès de la juge à la Cour suprême qu’à la fin de son meeting de campagne dans le Minnesota, quelques minutes avant d’embarquer dans l’avion présidentiel.

« Elle vient de mourir ? Je n’étais pas au courant. Elle a mené une vie exceptionnelle. »

Donald Trump a ensuite salué dans un communiqué un « esprit brillant » dont les décisions, notamment sur les droits des femmes, « ont enthousiasmé tous les Américains ». « Combattante jusqu’au bout », cette magistrate progressiste, qu’il a qualifié de « colosse du droit », « a prouvé qu’on peut être en désaccord sans être désagréable ».

A Washington, le 18 décembre.

Soucieux de galvaniser les électeurs de la droite religieuse, le président républicain a déjà publié une liste de juges conservateurs, pour la plupart opposés à l’avortement et favorables au port d’armes, dans laquelle il piochera pour choisir le prochain « sage » de la Cour suprême.

Le chef républicain du Sénat a déclaré qu’il organiserait un vote à la chambre haute du Congrès si Donald Trump nommait avant l’élection du 3 novembre un successeur à la doyenne de la Cour suprême.

« Nous avons promis de travailler avec le président Trump et de soutenir son programme, notamment ses choix remarquables pour les postes de juges fédéraux, a déclaré Mitch McConnell dans un communiqué. Une nouvelle fois, nous tiendrons notre promesse. Le candidat du président Trump aura droit à un vote dans l’enceinte du Sénat des Etats-Unis. »

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Drapeaux du Congrès et de la Maison Blanche en berne

Vendredi soir, quelques centaines de personnes se sont rassemblées spontanément devant les colonnes de la Cour suprême pour lui rendre hommage. Les drapeaux du Congrès et de la Maison Blanche ont été mis en berne en son honneur.

Malgré son positionnement à gauche, républicains et démocrates lui ont immédiatement rendu hommage. « Chaque femme, chaque fille, chaque famille en Amérique a bénéficié de son intelligence éclatante », a déclaré la chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi. « On a perdu une géante de l’histoire du pays », a renchéri la benjamine de la Chambre et représentante de l’aile gauche du parti, Alexandria Ocasio-Cortez. « La juge Ginsburg a ouvert la voie à tant de femmes, moi compris. Il n’y aura jamais personne comme elle. Merci RBG », a tweeté l’ancienne candidate à la présidentielle Hillary Clinton.

Ruth Bader Ginsburg en 1977.

C’était « une championne du droit » pour le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, une juriste « brillante », « admirée » et « influente », selon le ministre de la justice, Bill Barr. Elle « était une pionnière, passionnée par ses causes, elle a servi avec honneur et distinction la Cour suprême », a renchéri le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche du président, qui s’est même dit « triste » de son décès.

En France, Emmanuel Macron a rendu hommage samedi à une « une femme d’exception », dont l’héritage « continuera de nous inspirer ».

Petite voix dissonante, le sénateur républicain Ted Cruz, qui figure sur la liste des potentiels candidats à la Cour suprême du président Trump, n’a pas attendu pour demander qu’elle soit remplacée. Il a réclamé sur Twitter que le président annonce son successeur dès la semaine prochaine et que le Sénat le confirme avant l’élection. « Cette nomination, c’est pour ça que Donald Trump a été élu », a-t-il dit.

Le Monde avec AFP



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