Haïti vit son « printemps » social et politique

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mise en commun d'engredients alimentaire pour creer un restaurant communautaire devant les ruine de la cathedrale de Port au Prince.

GEORGES HARRY ROUZIER POUR ” LE MONDE”

Par Florence Aubenas

Près de dix ans après le tremblement de terre qui a fait plus de 230 000 morts, le pays est secoué par une profonde crise suite à un scandale de corruption. Les trentenaires se retrouvent en première ligne, avec l’espoir d’un renouveau démocratique.

Porter les morts comme des sacs de riz et les empiler par tas. Ne plus retrouver le chemin de chez soi dans la ville anéantie par le séisme. Dormir dehors au milieu d’enfants devenus fous. Et se sentir submergé par un sentiment, qu’on n’ose d’abord pas nommer : l’enthousiasme. Ralph Thomassaint avait 23 ans au moment du tremblement de terre à Port-au-Prince, le 12 janvier 2010. « La résilience haïtienne », s’émerveillent les responsables d’ONG. L’expression l’exaspère. C’était autre chose, un espoir absolu à la mesure de l’horreur. Le monde entier les regardait, psalmodiant : c’est la fin du monde. Et pourquoi pas ? Tout recommencerait de zéro. « Même si tu ne voulais pas y croire, c’était plus fort que toi : on était triste, mais on voulait exister. On allait redémarrer le pays », se souvient M. Thomassaint. Ils étaient nombreux à se le dire, entre jeunes gens.

Rien n’a changé à Port-au-Prince, presque une décennie plus tard. La « génération fin du monde » est trentenaire. Sans que personne l’ait vu venir – pas même elle –, la voilà à la tête d’une contestation qui bouleverse Haïti. Ici, en deux siècles d’indépendance, c’est la politique en mode tragique, révolution, insurrection, putsch, émeutes. Cette fois, le mouvement est d’un genre inédit. Il fait rire. Ou plutôt, il faisait rire : des enfants de la classe moyenne (si le mot a un sens à Port-au-Prince) qui se maquillent pour aller aux sit-in et prennent des selfies sur les barricades pour débattre économie dans un pays à genoux.

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Aujourd’hui, après huit mois de mobilisation, une centaine de morts, cinq manifestations et le blocage total du pays pendant une semaine, les visages moqueurs se sont figés. Alors que d’autres actions s’annoncent, un nouveau premier ministre par intérim vient d’être nommé le 21 mars, Jean Michel Lapin. Un moyen de repousser la question que pose la « génération fin du monde » : le mouvement conduira-t-il à refonder en profondeur la démocratie haïtienne ? Ou, au contraire, à déclencher un nouveau cycle de répression féroce ?

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Sur des sièges en rotin, des jeunes gens par grappes martyrisent gaiement leur smartphone. Un ventilateur et Aznavour qui chante Venise se relaient pour brasser la chaleur entre des murs aux couleurs tranchées. On pourrait être dans n’importe quel café cool de la planète, jusqu’au garçon accoudé au bar devant un plat spécial végétarien. Gilbert Mirambeau Jr., 35 ans, cinéaste, jolie petite gueule et délicat piercing. On l’interrompt parfois : « Un autographe, s’il te plaît. » Ça ne lui fait pas plaisir. Si au moins c’était pour son film, Kafou (« Carrefour », 2017) plusieurs fois primé, mais jamais projeté à Port-au-Prince : plus de vraie salle de cinéma. En fait, M. Mirambeau est une célébrité depuis que son tweet, posté le 14 août 2018, a déclenché le mouvement. L’histoire est si parfaite qu’elle paraît une fake news inventée par un géant du numérique.

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