Glenn Albrecht, gentleman « fermosophe »

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YANN LEGENDRE

Glenn Albrecht vit en Nouvelle-Galles du Sud, dans l’est de l’Australie, là où vient de se produire « un Tchernobyl climatique ». Là où de gigantesques incendies ont fait, depuis septembre 2019, « des dizaines de victimes parmi les humains, des millions parmi les animaux, des milliards parmi les êtres vivants ». Il y a six ans, ce professeur d’études environnementales à l’université de Newcastle prenait sa retraite et achetait avec sa femme une propriété dans la région, près de la ville de Paterson. Ils l’ont baptisé « Wallaby Farm », parce que les wallabys y sont comme chez eux.

Lorsque nous le rencontrons, début mars, à Paris, où il est venu promouvoir Les Emotions de la Terre. Des nouveaux mots pour un nouveau monde (Les Liens qui libèrent, 400 pages, 23 euros), les monstrueux feux de brousse viennent enfin d’être maîtrisés. « Après plus de 240 jours de lutte, et grâce à de fortes pluies », précise-t-il. Mais les alentours de Wallaby Farm, naguère verdoyants, ont irrémédiablement changé. « Quand nous nous sommes installés, nous savions que le paysage se modifierait un jour, mais nous n’aurions jamais imaginé que ce serait si rapide. » Ils avaient prévu d’y cultiver longtemps leur jardin ; ils songent désormais à se rapprocher de l’océan. Chaleur, sécheresse : le changement climatique rend déjà le lieu invivable, comme tant d’autres demain.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Baptiste Morizot : « Si la propriété privée permet d’exploiter, pourquoi ne permettrait-elle pas de protéger ? »

Glenn Albrecht a deux passions : observer les oiseaux et inventer des mots. Son goût de la langue lui vient de sa mère, « femme au foyer, qui adorait les mots croisés et le Scrabble ». Mais si l’homme, 67 ans ce mois-ci, se régale à créer des néologismes, il y voit aussi une stratégie politique. « Ce que nous faisons subir à la Terre est sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Cela crée en nous des émotions pour lesquelles nous n’avons pas encore de mots. Or, si nous voulons agir, il faut pouvoir les décrire précisément », affirme-t-il. Une assertion que ne démentira pas le philosophe français Baptiste Morizot, pour qui « les néologismes sont des cartes pour explorer autrement le monde qui vient ».

Le sentiment sans nom

Se décrivant lui-même comme un « fermosophe » – farmosopher, en anglais, contraction de farmer et philosopher –, l’Australien est devenu célèbre en inventant le concept de « solastalgie ». « La solastalgie, c’est le sentiment de perte que vous ressentez lorsque le lieu que vous avez toujours connu n’existe plus. C’est avoir le mal du pays dans son propre pays. » La création du mot est née pour lui d’une nécessité.

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