Géopolitique de l’intelligence artificielle

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Les travaux d’un chercheur allemand éclairent de façon limpide la hiérarchie qui s’instaure déjà sur le sujet entre Chine, Etats-Unis et Europe, explique, dans sa chronique, Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 12h14 Temps de Lecture 4 min.

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Démonstration de reconnaissance faciale par caméra de la société Sensetime, à Pékin, en octobre 2018.
Démonstration de reconnaissance faciale par caméra de la société Sensetime, à Pékin, en octobre 2018. Thomas Peter / REUTERS

Chronique. C’est la bataille du futur et elle a déjà commencé. Ce n’est ni une guerre des tranchées comme le début du XXsiècle les a pratiquées, ni une guerre hybride comme elles se mènent au début du XXIe : celle-ci, au moins, n’est pas meurtrière. Ses fantassins sont des chercheurs, leur matière grise sert de chair à canon. Cette bataille, c’est celle de la suprématie technologique, instrument ultime de la puissance dans le nouveau jeu des rivalités mondiales.

Le domaine de l’intelligence artificielle (IA) sera décisif. Pour la science, l’économie et la politique, c’est un enjeu majeur : l’IA est l’instrument de la prochaine révolution économique, avec, inévitablement, des applications dans le domaine militaire. Deux puissances font la course en tête, les Etats-Unis et la Chine. L’Europe et quelques autres pays suivent, largement distancés.

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Intrigué par le livre d’une star de l’IA, Kai-Fu Lee, américain né à Taiwan, publié en 2018 aux Etats-Unis et tout récemment en France (La Plus Grande Mutation de l’histoire, Les Arènes, 384 pages, 20 euros), un chercheur allemand, Hans Uszkoreit, directeur scientifique du Centre de recherche allemand sur l’intelligence artificielle (DFKI), a longuement étudié les différentes composantes de cette compétition. Il a comparé la situation dans trois entités : les Etats-Unis, dont il connaît bien les universités, l’Europe, où il a fait toute sa carrière jusqu’à 2017, et la Chine, dont est originaire sa femme, également chercheuse en IA, et qu’il a suivie, il y a deux ans, lorsqu’elle a accepté de diriger le laboratoire de recherche en IA de Lenovo à Pékin. Hans Uszkoreit a ouvert une antenne du DFKI à Pékin et se partage désormais entre l’Allemagne et la Chine. Il nous a communiqué les notes de son étude ; la lecture en est fascinante.

« Les Chinois adorent l’IA »

Première conclusion : « En quelques années, la Chine a réussi à rattraper les pays les plus avancés en IA et a même commencé à les dépasser dans certains secteurs. » Elle réussit particulièrement bien dans les services basés sur Internet, la reconnaissance faciale, l’analyse de scènes vidéo ; en robotique, elle n’a pas encore de position dominante, mais, avec « d’énormes budgets de recherche » et la commercialisation de milliers de start-up, elle peut y songer. Dans la recherche fondamentale sur l’IA, note-t-il, « le financement massif en Chine », supérieur aux montants observés aux Etats-Unis et en Europe, « commence à porter ses fruits ». Pas seulement en quantité : ces progrès portent aussi sur la qualité.

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