Frictions inhabituelles entre la presse et le ministère des armées

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Le Covid-19 a fait une victime collatérale, la relation entre la presse et le ministère des armées. La tension couvait depuis de longs mois, mais ses symptômes se sont manifestés avec vigueur à l’occasion de la crise sanitaire.

Une réunion inédite s’est tenue mardi 9 juin, dans les locaux de l’hebdomadaire Le Point, voisins du siège des armées à Paris, entre six membres de l’Association des journalistes de défense (AJD), dont Le Monde, et les grands communicants de l’institution – porte-parole de l’état-major, officiers chefs des services de presse des trois armées, cadre du secrétariat général pour l’administration, responsables (civile et militaire) de la délégation à l’information et à la communication de la défense (Dicod).

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Les griefs accumulés relèvent en apparence des frictions bien connues du rapport entre médias et pouvoir : questions restées sans réponse, autorisations d’accès au terrain trop limitées, agendas et événements annoncés sans le préavis nécessaire à un travail sérieux, exigences de relecture d’articles, pressions directes exercées sur certains journalistes… Mais l’AJD n’est pas connue pour user du rapport de force, comme ont dû le faire ses cousines de la presse présidentielle ou de la presse judiciaire au début du quinquennat d’Emmanuel Macron pour préserver des conditions d’exercice aux standards démocratiques.

Rencontre écourtée

Pour la première fois de son histoire, le 7 mai, l’AJD a, au nom de ses cent adhérents actifs (chiffre 2019), adressé une lettre ouverte aux communicants de la défense dont celui du cabinet de la ministre, Florence Parly. Elle dénonce des « dysfonctionnements multiples et récurrents », « entravant l’exercice [du] métier ». Les problèmes ont été exacerbés durant la crise du Covid-19, quand le ministère a indiqué renvoyer toute information à la responsabilité des autorités de la santé, selon les instructions de l’exécutif. Entre bureaucratie interne et pression politique, « la communication a été désastreuse au final », abonde une source dans les armées. Sur trois sujets marquants, les tensions ont été vives après les révélations de la presse : le foyer épidémique de la base aérienne de Creil, le nombre de malades dans les armées, et la contamination du porte-avions Charles-de-Gaulle.

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Questionnée par des députés le 11 mai, Mme Parly a dit vouloir « faire toute la clarté sur ce qui n’a pas fonctionné et voir comment nous pouvons améliorer ce dialogue (…) car c’est tout à fait indispensable ». La rencontre de mardi a toutefois a été écourtée, à l’initiative des journalistes. Car le conseiller pour la presse du cabinet – l’échelon politique auquel rapportent les services concernés des armées – n’est pas venu, malgré la demande de l’AJD. Dans une nouvelle lettre ouverte ce 9 juin, l’association espère « une rencontre courtoise et franche » avec la ministre. L’actualité vient de fournir un nouveau sujet de débat : contrairement aux usages lors d’opérations militaires de ce niveau, aucun briefing n’a été organisé pour évoquer les conditions de l’élimination de l’émir d’Al-Qaida, Abdelmalek Droukdel, le 3 juin, au Mali.

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