Fragilisé par la Chine, le « roi du cheveu » indien rêve de conquérir l’Afrique

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Chaque mois, l’entreprise de Prem Kumar Solanki collecte des tonnes de cheveux naturels à travers l’Inde. Mais face à la stagnation du marché intérieur, l’entrepreneur regarde vers le continent africain.

Par Julien Bouissou Publié aujourd’hui à 06h36, mis à jour à 06h36

Temps de Lecture 6 min.

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Pour sauver sa fille de la maladie, cette femme fait don des ses cheveux aux dieux, au temple Thiruthani Murugan (Inde), le 10 novembre 2016.
Pour sauver sa fille de la maladie, cette femme fait don des ses cheveux aux dieux, au temple Thiruthani Murugan (Inde), le 10 novembre 2016. ALLISON JOYCE / GETTY IMAGES / AFP

Dans un coin de la salle de réunion de l’entreprise DCS International Trading, Prem Kumar Solanki passe et repasse sa main dans la chevelure grise d’un mannequin en plastique habillé d’une jupe. Il la soupèse délicatement, en examine la longueur et l’épaisseur, comme un joaillier devant une pierre précieuse. Dans l’industrie indienne du cheveu, l’argent vaut de l’or. « Les cheveux gris sont les plus rares et les plus demandés, confie l’homme d’affaires vêtu d’un costume à fines rayures, car ils peuvent être décolorés facilement et teints dans toutes les couleurs ».

Chaque mois, son entreprise collecte des tonnes de cheveux naturels grâce à une chaîne d’approvisionnement aussi complexe que gigantesque dont l’Inde, championne mondiale de l’économie circulaire, a le secret. Des centaines de milliers de collecteurs parcourent le pays à leur recherche, chez les coiffeurs, dans des temples hindous, sur les peignes des Indiennes ou sur le trottoir. La matière première capillaire est transformée en mèches ou perruques qui se vendent jusqu’à plusieurs centaines d’euros par kilo.

Les ventes ont rapidement augmenté ces dernières années grâce à une hausse de la demande en Afrique, même si le marché reste encore concentré aux Etats-Unis. L’Inde est bien positionnée sur ce marché évalué à 10 milliards de dollars (8,83 milliards d’euros) : elle en est le principal fournisseur. Les cheveux indiens seraient de meilleure qualité, car ils sont plus longs que la moyenne, donc plus chers, et aussi soigneusement entretenus par ceux et celles qui les portent. « C’est devenu l’autre or noir » assure M. Solanki. Et pourtant, le « roi du cheveu », comme on le surnomme en Inde, s’inquiète sur son avenir. L’arrivée de nouveaux fournisseurs indiens a réduit ses marges. Et M. Solanki a bien des difficultés à remonter la chaîne de valeur vers une activité plus lucrative où sont positionnées les entreprises chinoises : la transformation des cheveux naturels en mèches et perruques.

Temples rentiers et entrepreneurs

Malgré la promesse du premier ministre indien de développer l’industrie du pays dans le cadre du programme « make in India », les petites entreprises, comme celle de M. Solanki, restent fragiles. A l’ombre des grands groupes, elles sont soumises aux caprices de la bureaucratie indienne pour exporter leurs marchandises, et elles ont souffert de la mauvaise santé du secteur bancaire grevé par les actifs pourris. A la lisière entre secteur informel et formel, elles sont nombreuses à avoir souffert de la mesure choc de démonétisation de 87 % des coupures en circulation, fin 2016. Les collecteurs de cheveux ont dû cesser leur activité ou différer leur paiement, faute de pouvoir payer en espèces leurs fournisseurs.

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