Fermeture de Bookworm, librairie mythique de Pékin

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L’établissement fonctionnait comme un salon littéraire où venaient débattre intellectuels, écrivains, militants et chercheurs, étrangers et chinois.

Par Publié aujourd’hui à 11h34, mis à jour à 11h34

Temps de Lecture 2 min.

A la librairie Bookworm, à Pékin, en 2009.
A la librairie Bookworm, à Pékin, en 2009. FREDERIC J. BROWN / AFP

L’avis de décès est paru mardi 5 novembre. Le jour même où, à Shanghaï, le président chinois Xi Jinping vantait l’ouverture de la Chine sur le monde, et où Emmanuel Macron se félicitait de l’arrivée de collections du centre Pompidou dans un nouveau musée chinois. A Pékin, la librairie Bookworm, déclarée « structure illégale », allait devoir fermer ses portes, dès le 11 novembre.

Ouverte en 2005 et gérée par David Cantalupo, un sympathique gaillard américain, Bookworm est une véritable institution, notamment pour les nombreux expatriés habitant le quartier de Sanlitun, dans l’est de la capitale. Avec ses livres en anglais et en chinois, son parquet en bois, ses tables branlantes, son bar, ses deux vieux pianos et sa terrasse, Bookworm est plus qu’une librairie : rare espace de liberté de parole, dans un pays où le moindre événement culturel est soumis à la censure, l’établissement fonctionne comme un salon littéraire, où des auteurs venaient présenter des livres qui ne sont pas autorisés en Chine, et y débattaient de questions relativement sensibles.

Nouvelles normes

Depuis 2007, son festival littéraire accueille chaque année plusieurs centaines de participants. Depuis 2016, c’est également là que la délégation de l’Union européenne organise ses rencontres littéraires. Yasmina Khadra, Tahar Ben Jelloun, Amitav Ghosh, Mo Yan et bien d’autres y ont participé. Encore récemment, on y a croisé une réalisatrice chinoise connue pour son engagement en faveur des couples gays, une Africaine ayant réalisé le premier dictionnaire chinois-amharique (une langue éthiopienne) ou un ancien responsable politique portugais, auteur d’un essai iconoclaste sur les « nouvelles routes de la soie ».

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Est-ce cette effervescence qui a déplu aux autorités ? En bon connaisseur de la Chine, David Cantalupo reste prudent. Il est vrai que la réglementation a changé et que sa librairie, qui occupe le premier étage d’un ancien espace industriel, ne correspond plus aux nouvelles normes. Son propriétaire, une entreprise publique de machines électriques, est dans son droit de ne pas prolonger le bail.

Mais il sait aussi que les autorités ne voyaient pas son activité d’un bon œil, et que le modeste loyer qu’il paie pour les trois pièces de sa boutique ne pèse rien à côté des pressions politiques qui ont pu s’exercer sur son propriétaire. « Depuis cet été, nous avions des signaux comme quoi le bail ne serait pas renouvelé. Mais nous nous sommes dit que cela était lié aux cérémonies du 1er octobre. Et qu’une fois passé le 70e anniversaire de la République populaire de Chine, on trouverait une solution. En fait je n’arrivais pas à me résoudre à cette fermeture, mais j’ai dû finir par me rendre à l’évidence », explique, encore sous le choc, David Cantalupo, dans une librairie où, désormais, même les étagères sont à vendre. Bien sûr, il cherche un autre lieu. Mais, tant économiquement que politiquement, le pari est difficile. Longtemps symbole de l’ouverture culturelle de la Chine sur le monde, Bookworm est désormais l’emblème du mouvement inverse. Bien loin des discours de Shanghaï.

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